Ce fut une lecture assez enthousiasmante que ce premier opus de la série de la "Traque des anciens Dieux" et je suis quelque peu peinée de ne pas le voir de ce côté-ci de l'océan. J'ai découvert cette série en raison de ma lecture de Félicratie, de la même autrice, qui lui est arrivé de notre côté, à mon grand plaisir.


Dans un univers qui n'est pas le nôtre ( mais qui, curieusement, rappelle souvent le nôtre), quatre Créateurs, dépositaires suprêmes des quatre formes de magie, ont du mal à se faire rembourser leurs services. cela aura de fâcheuses conséquences sur les générations d'Hommes à venir, tout spécialement les familles royales et les dragons. On leur doit le "Grand Enchantement", qui impose quêtes, restrictions et obligations à ce qui compose habituellement nos Contes. Ainsi, pour cette raison ( plutôt débile) Marc, prince de sa condition - qui aurait dont préféré naître dans une famille de comptable - s'est débrouillé pour échapper à ses obligations princières depuis 27 ans. Hélas, le temps est venu de trouver sa princesse ou sa bergère vertueuse. Seulement, le prince de Keilles, guidé par un renard enchanté commodément posé sur son chemin, fini dans une tour - jusque là tout va bien - mais par quelque mauvaise luminosité et confronté à un grand stress, notre prince fini embrasser...un autre prince. Éleuthère ( ah, mais quel nom horrible!) se réveille donc, après trois ans de captivité touresque et lui aussi fort malcommode de toutes ces obligations. Dans un sens, les deux princes se sont bien trouvés, mais ils sont aussi attachés L'un à l'autre par un enchantement pour le moins collant. Lucas, le renard enchanté, explique alors que leur rencontre forcée est en fait le début d'une quête beaucoup plus complexe et importante que le seul fait de maintenir l'équilibre préconisé par le Grand Enchantement. Une quête qui impliquera moult personnages haut en couleur de tout les horizons et de différentes ethnies, quatre statuettes au potentiel destructeur et quatre enchanteurs ayant réussi, jadis, à contenir quatre Dieux autoproclamés aux pouvoirs colossaux. Une vrai partie de plaisir, quoi!


Cette brique de presque 600 pages est étonnamment prenante. Je ne peux pas dire que le suspense est haletant, mais assurément, on a du plaisir à suivre cette belle bande d'hurluberlus. Ce serait très long de passer sur chaque personnages, alors sommairement on a: un premier prince terre-à-terre qui aurait aimé être tout sauf prince, un second prince également magicien expressif et bavard, une fée dont le potentiel dangereux surpasse Maleficient, une sorcière badass, un escroc rusé qui cherche sa place dans le monde, deux dragons: l'un presque quatre fois millénaire, un meneur dans l'âme au grand coeur et une petite dragonne d'à peine six siècles sans filtre, mais bienveillante et curieuse. Et ils ont tous un humour décapant. J'ai tendance à dire que les meilleurs personnages sont les moins faciles à résumer et c'est le cas ici. On s'y attache rapidement, malgré leur grand nombre.


J'adore le traitement des personnages, H.Lenoir est une excellente autrice en matière de personnages. Après avoir dévoré "Félicratie", je retrouve dans "La traque des anciens Dieux" la même finesse de traitement des personnages. Des personnages qui se veulent contre-stéréotypés, variés, émotionnellement et psychologiquement dynamiques. On s'amuse de leur étonnante prudence, loin des héros souvent trop intrépides à en devenir imprudents ( voir stupides). Ils sont méthodiques, complémentaires, très méfiants et n"hésitent pas à garder les comportements qui se révèlent gagnants. Ça fait moins de scènes explosives et moins de drames, mais au fond, pour du Fantasy/Conte, c'est novateur et donc rafraichissant. N'allez pas croire que moins de drame et de situations explosives rend le récit moins intéressant ou moins passionnant.


Côté scénario, on part de quelque chose de simple en graduant vers le complexe, mais somme toute, ça reste accessible pour les lecteurs moins habitués aux univers Fanatsy. On nous y explique beaucoup les décors, L Histoire, la politique, les origines et les divers types de magie. Elles sont quatre et chacune est importante à sa façon. Je trouve qu'elles constitue l'élément le plus complexe de l'histoire, mais l'autrice trouve le temps de nous en parler assez pour se retrouver dans trop de mal. Dans l,ensemble, le scénario reste donc complet, mais pas incompréhensible ni trop complexe.


L'univers en présence tient à la fois du Conte et du Fantasy, et avec son humour décapant et le fait que les personnages se savent impliqués dans une quête ( éléments débiles comprit) on retrouve un peu de l'univers des Terres de Fang de John Lang ( le donjon de Naheulbeuk), d'Arleston ( Troll de Troy) et Zaz ( La Tour de Kyla), univers parodiques de leur état, mais aussi les vastes pays, les longs trajets et la magie des univers tel que le Seigneur des Anneaux. En travaillant aussi les stéréotypes liés aux personnages de conte, on retrouvera aussi un peu de ce qu'à fait S.Chainani avec "L'école du bien et du mal" qui maltraite aussi les pires clichés en matière de personnage, ainsi que les notions de "Bien et de Mal".


Il faut préciser une chose par rapport au fait que cette série est dite "parodique". Ce n'est pas le style de parodie un peu stupide qu'on pourrait voir dans certains autres cas ( surtout les parodies inspirées de romans connus). Donc, il ne faut pas partir avec l'idée que c'est du n'importe quoi, avec des trucs qui n'ont pas de sens, un scénario incohérent et de l'humour anal à toutes les tournures de phrases, vraiment pas! Je pense qu'il s'agit d'une parodie en ce sens où la série se moque du l'univers des contes et du récit Fantasy de quête, mais c'est fait avec cohérence et intelligence.


Contrairement à la plupart des romans Fantasy que j'ai lus, ici les personnages se greffent progressivement au groupe de quête et on peut dire qu'ils sont nombreux à la fin! J'ai beaucoup aimé cette progression, d'abord parce que ça nous permet de bien connaître chaque personnage, puisqu'ils occupent la tribune le temps de leur introduction, ensuite parce qu'ils ont ainsi le temps de tisser des liens avant d'accueillir le prochain personnage.


J'ai aussi remarqué les similitudes entre les divers pays en présence et nos propres pays. Ainsi, on reconnaitra les îles grecques, les Indes, l'Afrique et certains pays européens. En outre, je soupçonne les Naking d'être nos Viking ( drakkars à l'appuis) et les Veltes d'êtres les Celtes. Ça m'amusait beaucoup de voir ces similarités.


Aussi étonnant cela puisse paraître, malgré la présence presque égale d'hommes et de femmes ( un très bon point d'ailleurs pour cette série), on n'a pas d'histoires d'amour. Merci à l'autrice, ce roman se place davantage dans un axe de collaboration presque familiale qu'un de ces mauvais romans Fantasy où tout ce qui est célibataire finit marié en moins de deux jours. Ici, on a donc quelque chose de différent en ce sens et ça me plait énormément. On a encore tendance à cliver: si ça ne partage pas le même genre, bah, ça doit se marier! Pas ici. Bon, rien ne dit que ça n,arrivera pas dans les autre tomes, mais pour une quête qui dure près d'un an sans romances stupides et spontanées, wow, on change réellement la donne!


Donc, en somme, je trouve que c'est le traitement général qui fait réellement l'originalité de ce roman. C'est en outre bien écrit, fluide et souvent comique. Un premier tome qui prend le temps d'asseoir les piliers de structure de son univers et de mettre en lumière les divers facettes de ses personnages, qui sont tous appelés à évoluer. L'autrice de la Passe-Miroir avait opérer un processus similaire en donnant beaucoup de détails dans le tome 1, même si ça donnait une histoire plus calme, mais après , on est parés pour l'action! Ce qui risque d'avoir vu le final de ce premier tome.


À découvrir!


Ce roman ne se vend pas en Amérique du Nord, j'ai du moi même le commander d'outre-Atlantique. du coup, il n'a pas de classement ici. Après réflexion, je pense que le confierais à la section jeunesse Jeune adulte. Surtout qu'on manque de roman de ce genre en Jeune Adulte ( 18-25 ans). Même si, évidemment, ça n'empêche pas les bons lecteurs de 15-17 ans du second cycle secondaire de le lire, ainsi que les plus vieux.

Créée

le 8 août 2021

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Shaynning

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