Sombre, politique, historique et polémique : voilà. Ce dernier roman de Dostoïevski est en effet son plus abouti, et pas seulement dans son oeuvre mais dans la littérature en général. Oui on peut penser qu'il ennuie avec ses longues mises en scène et ses noms russes à rallonge et ses névroses qu'il imprime à tel ou tel de ses personnages qui entre en scène. Comme pour d'autres romans, je ne me battrai pas contre ces critiques stupides parce qu'inadaptées, qui en prenant dans une bibliothèque un volume de Dostoïevski s'attendent à du Flaubert que viendrait exciter un Douglas Kennedy.
Les Frères K, c'est simplement une magnifique peinture de l'âme russe; d'un système de valeurs très actuel dans lequel le religieux et surtout sa perte sont délaissés et de ce fait créent les conditions de ce que peut faire l'homme sans dieu. Il faut lire également les possédés, un monument de génie qui interrogeait avant l'heure du Gai Savoir sur ce qu'il peut advenir de l'homme quand dieu est mort (i.e quand il a tué dieu).
Les Frères K est en outre un très bon polar, sur un parricide, mêlé d'une erreur judiciaire. De quoi réjouir pour longtemps les fans de "faites entrer l'accusé".