Avec Les heures souterraines, Delphine de Vigan dépeint de manière réaliste et juste les portraits de deux personnages emmurés dans l'impasse de leur malêtre. En mettant en relief des solitudes insoutenables dans une foule parisienne gangrenée par un individualisme toxique, le tableau qu'elle dresse de notre société occidentale est cynique. Tandis que l'une subit les affres d'un patron tyrannique et "mobbeur", l'autre ressort d'un échec amoureux dévastateur. A la fin, tous deux se croisent, se cherchent du regard, sans pour autant se trouver.
Alors que les situations personnelles des deux principaux protagonistes sont décrites avec une telle justesse que l'on ressort parfois bouleversé de certains passages, leur rencontre ratée ne convainc absolument pas. Bien au contraire. L'insistance sur le parallélisme des deux situations est surfaite, et la rencontre entre ces deux êtres paraît totalement artificielle alors que c'est justement l'authenticité d'une réalité impitoyable qui semble être au coeur de ce texte.