Ce qui fait sans doute la force de ce roman, ce sont ses clés de lecture multiples: réflexion sur la littérature elle-même, drame psychologique, questionnement sur l'essence des relations amicales, et même roman à suspens.
L'autofiction est l'occasion pour Delphine de Vigan de nous emporter avec elle dans les méandres de ses propres réflexions sur les rôles de la réalité et de la fiction dans la littérature, à l'ère où la télé-réalité est reine, et où la mention "D'après une histoire vraie" se fait gage d'un succès quasi assuré pour toute production cinématographique ou littéraire. Le lecteur se retrouve lui-même sur la brèche, se demandant sans cesse quelle est la part de réalité, et la part de fiction dans le roman qu'il tient entre ses mains. L'auteure nous démontre d'une façon magistrale que, finalement, toute fiction comporte sa part de réalité, et que la perception qu'ont les individus de la réalité est elle-même constamment empreinte de fiction. Et lorsque la narratrice est prise à parti entre l'un et l'autre, c'est son équilibre psychologique qui en est affecté, la faisant (peut-être) basculer vers la schizophrénie...