Croire en ses mensonges, c’est peut-être la vérité

John Grisham est reconnu depuis longtemps comme LE spécialiste du thriller juridique. Ancien avocat lui-même, on ne peut le soupçonner d’ignorer de quoi il parle.
En filigrane de cette histoire, le scandale des prêts estudiantins et plus particulièrement ceux alloués aux écoles de Droit aux Etats-Unis. On reste médusés devant la docilité de ces étudiants, véritables vaches à lait du système bancaire américain, prêts à s’endetter de sommes ahurissantes qu’ils mettront toute leur vie à rembourser. Encore faudra-t-il pour y parvenir être issu d’une grande école – réservée à l’élite intellectuelle estudiantine – et décrocher un job dans un des cabinets les plus en vue, ce qui est loin d’être une évidence. Avec ce paradoxe vicieux que les écoles bas de gamme, à peine moins chères que les autres, ne conduiront qu’à l’insuccès mais généreront les mêmes dividendes à leurs bailleurs.
Avec comme angle d’attaque le cursus de 4 amis étudiants en droit dont l’un, écrasé par une dette de 200.000$, met fin à ses jours, on se dit que Grisham va pourfendre ce système véreux tout à la démesure américaine. Eh bien, non !
A l’inverse, il s’engage dans un plaidoyer pathétique : « puisque le système est pourri, soyons pourris à notre tour » et se lance dans une boiteuse et affolante histoire où les trois amis, qui ont abandonné leurs études, usurpent le titre d’avocat, ouvrent un cabinet, dupent de naïfs gogos et vont jusqu’à les défendre devant la Cour.
D’étudiants à voleurs, leur dérive les conduira à devenir d’habiles escrocs poursuivis par le FBI qu’ils mystifieront avec une facilité déconcertante.
Non content de nous raconter une histoire techniquement et juridiquement irrecevable, Grisham nous concocte une finale d’un goût douteux voire franchement immoral. On sait que l’escroquerie peut être couronnée de succès mais on ne s’attend pas à ce qu’elle soit sanctifiée et encore moins par un ancien avocat, fut-il américain.
Du Grisham moyen comme il a de plus en plus tendance à le devenir.