Les Jardins statuaires - Le Cycle des contrées, tome 1 par Nina in the rain

Il y a des romans que l'on croise, recroise et croise encore sans les prendre sur la table. Des romans qui nous attirent et nous repoussent à la fois, dont on nous dit du bien mais que l'on a peur de ne pas apprécier à leur juste valeur. Il en a été pour moi ainsi pour les Jardins Statuaires. Leur statut d'œuvre maudite (manuscrits perdus, entrepôts carbonisés, maisons d'édition qui font faillite, ce genre de petits plaisirs en somme), la taille du roman, la touffeur du texte ... Tout me faisait peur et m'attirait à la fois. J'ai failli par craquer et l'acheter et, là encore, il est resté longtemps sur l'étagère tant je craignais de nouveau de passer à côté et j'ai attendu de pouvoir le lire d'une traite, sans être déconcentrée et sans avoir à le refermer au milieu d'une page à cause d'un train qui arrive ou d'un embarquement aérien. Pour moi, je ne lis jamais mieux ni plus longtemps qu'en vacances, passant plus de six heures par jour le nez dans un bouquin (à la plage, à mon sens, il n'y a pas grand chose d'autre à faire. Je me baigne longuement, je m'allonge soigneusement à l'ombre et je pars à l'aventure, de neuf heures à midi et de cinq heures à huit heures le soir. En ajoutant à cela le temps calme du midi et le soir avant de se coucher, on comprend que ma moyenne de lecture augmente sensiblement pendant cette période, atteignant un à deux romans journaliers). J'ai donc converti les Jardins Statuaires en livre de plage (désolée, messieurs de chez Attila, il est plein de sable...).

Pendant les premières pages, j'ai eu un peu peur à nouveau. Vais-je réussir à me plonger là-dedans ? Et, peu à peu, je me suis retrouvée captive de cet univers extraordinaire. L'écriture... que dire de l'écriture ? C'est un chef-d'œuvre. Je ne vois pas d'autre terme pour évoquer tant de force et de puissance, et en même temps tant de douceur et de retenue. Le voyage du héros et la découverte des jardins statuaires sont totalement inouïs, il ne me semble pas avoir déjà lu un texte auquel je pourrais rattacher ce roman. Tolkien ou Gracq me souffle la quatrième de couverture mais, pour ma sensibilité, ils ne jouent pas sur le même tableau, et ce que Tolkien peut avoir de ludique se retrouve transformé en philosophie chez Abeille. Et de ce texte dont j'avais si peur est venu, je pense, mon meilleur moment de lecture de ces vacances. Bon, je m'avance peut-être un peu, il me reste 10 jours et pas mal d'heures de lecture, mais je ne vois pas bien ce qui pourrait égaler ce roman merveilleux. Il est difficile à résumer, comme toujours, c'est un voyage à travers un pays inconnu, bardé de traditions extraordinaires, dans lequel les jardiniers font pousser des statues. Bien sûr, ce n'est pas rendre justice au roman que de ne dire que cela, mais ce serait le trahir que d'en dire plus.

Vous l'aurez compris, on a ici un énorme coup de cœur. Encore un dont tout le monde autour de moi va entendre parler et que je vais offrir à tour de bras. Un deuxième volume est paru que j'achèterai à la rentrée et dont je vous parlerai en temps voulu. Entre temps je vais me mettre à la recherche des autres textes de Jacques Abeille, dispersés chez divers éditeurs et sous divers pseudonymes. M'en fiche, j'y arriverai. Ça étoffera l'étagère A de ma bibliothèque
Ninaintherain
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le 27 mars 2012

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