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Chute libre
Livre au style très ampoulé qui marque avec habilité la mentalité du camp fasciste au cœur des années de plomb. Emprunt d'une fascination et d'un dégoût systématique pour Stefano Guerra, ce soldat...
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« Nous acceptons la tâche de porter en tous lieux une part du feu qui brûle en nous, quel que soit le risque. » C’est sur la base de ce serment que trois jeunes amis natifs du Frioul, en marge d’une Italie endormie par la démocratie chrétienne, vont s’engager dans une vaste entreprise de subversion qui, en dépit des apparences, s’avérera au final plus autodestructrice que véritablement révolutionnaire. Les émeutes étudiantes de Valle Giulia, l’attentat de Piazza Fontana (renommé Piazza del Monumento dans le roman), le terrorisme, le trafic d’armes, la stratégie du choc… Les années de plomb. Stefano, un des trois camarades, déçu par « le cloaque du MSI », a été élevé suite à la mort de son père par Rocco, un vétéran de la Deuxième guerre qui le fait entrer dans un réseau clandestin néo-fasciste, Lotta Nazionale, lequel fera de lui un soutien dévoué à la cause, mettant à profit l’envie d’en découdre avec l’ordre bourgeois et la violence qu’il porte en lui. Il s’agit tantôt de troubler le discours d’un ministre yougoslave, tantôt de racketter des commerçants, d’abattre un traître ou de lancer une expédition punitive contre les « chinois » (les rouges) avec leurs « têtes de bourgeois de bonne famille, le petit pull en cachemire et la méchanceté arrogante du gamin qui a mis la domestique en cloque ». Devenu l’amant d’Antonella, fille d’un écrivain communiste et surtout frère d’un étudiant que Stefano a tué par accident lors d’une occupation de campus, il voit ses certitudes vaciller lorsqu’il réalise que ses nombreux crimes restent mystérieusement impunis et que les services secrets semblent avoir partie liée avec l’Archipel, l’organisation d’extrême droite pour laquelle il travaille. « Plus les liens qui nous attachent à la Tradition se distendent, plus notre écorce durcit. »
Tout devient plus compliqué : il rencontre Evola qui le déçoit, il protège Pasolini d’une agression à laquelle il aurait dû lui-même participer, il fuit en Argentine pour défendre Cesarea, une poétesse menacée par les barbouzes. Luttes intestines, paranoïa, reconversion dans la criminalité mafieuse, obsession de la vengeance : des barricades romaines aux camps paramilitaires du Liban, entre nostalgie impériale et dérive nihiliste, l’histoire dramatique du néofascisme italien apparaît plus brutale et plus complexe que jamais. « Peut-être la vérité de la révolution était-elle tout entière là : les hormones à bloc et une conception erronée de la foi. »
Créée
le 17 nov. 2015
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