Critique sur l'ensemble des épisodes de l'héritage de Richelieu


Sur le papier, voilà un livre qui s’annonçait comme une friandise à déguster avec bonheur. En effet retrouver un récit dans l’univers des lames du cardinal était une joie inattendue. Bien sûr, c’était trop beau pour être vrai.


D’une part, l’héritage de Richelieu n’est pas un livre de Pierre Pevel, mais de Philippe Auribeau. Pourquoi pas ? Philippe Auribeau a travaillé avec Pierre Pevel pour la création du jeu de rôle des Lames du Cardinal et si ce dernier lui fait confiance, c’est que le livre doit être à la hauteur. Malheureusement, je n’apprécie que peu le style du remplaçant ici. J’ai lu d’autres critiques qui vantaient la proximité du style entre les deux auteurs, et je n’ai absolument pas ressenti ça. Quand je lis la trilogie des Lames du Cardinal, j’ai l’impression de lire du Dumas. Et quand je lis quelque chose qui ressemble aux 3 Mousquetaires dans l’esprit et le style, mais avec des dragons en plus, je me régale.


D’autre part, un aspect qui doit jouer énormément est que ce livre a été écrit sous la forme d’une série de six courts récits, disponible uniquement sous forme digitale. C’est ainsi que, sans doute à cause de ma déception initiale par rapport au style (entre autre), j'ai lu ces six livres de façon séparée, sans les enchaîner. C’est dire si je n’ai pas accroché. Mais le fait de les lire de cette façon, avec parfois plusieurs mois entre deux parties, n’a certainement pas contribué à mon appréciation. Mais même en les lisant d’une traite, le fait de les avoir conçu comme six récits distincts, bien qu’il s’agisse d’une seule histoire découpée en six étapes, a forcément des conséquences sur l’intrigue et le rythme. Un argument qui, je l’admets, parait curieux quand on compare avec la parution des trois Mousquetaires qui s’est faite par feuilleton. Pourtant je ne peux m’empêcher de penser que ce curieux choix éditorial ait joué.


Par exemple, chacun de ces récits se doit d’avoir sa part d’action, son intrigue, sa résolution. C’est trop. Curieusement pour un livre qui, au total, doit faire dans les 400 pages, on a pas le temps d’apprendre à connaître et apprécier les personnages. Nous avons un frère et une sœur par exemple, avec un frère hyper protecteur qui finit par « emprisonner » sa sœur pour son propre bien. Le genre de chose qui me fait détester un personnage. La sœur s’enfuit, revient plus tard réclamer l’aide de son frère, qui lui accorde et … rien. Pas de discussion, pas de mise au point, je ne crois même pas avoir lu la tarte dans la gueule qui s’imposait. Je ne vais pas dire que les personnages n’ont pas d’arc narratif, il y a clairement une évolution, mais elle est tellement non dite qu’on est en droit de croire qu’ils peuvent retomber dans leurs travers dès que le vent se remet à souffler dans une autre direction.


Autre chose qui est agaçant, pour moi, est que les personnages qui sont du côté de l’autorité officielle, œuvrent pour le bien du pays, et au vu de ce qu’ils ont en face sont objectivement et clairement les ‘bons’, se voient mettre des bâtons dans les roues par ceux qui sont supposément de leur côté. Pour qu’elle justification ? L’orgueil une paire de fois, la nécessité de garder un secret (qui n’a pas grand chose à voir …) dans au moins un autre cas, pour le début je ne me souviens plus. Les dissensions, ça existe, c’est crédible, et même parfois bien venu, mais tout le temps ? Doit-on croire que l’élite des espions du cardinal n’est composée que d’hommes et de femmes antipathiques qui génèrent automatiquement la haine de ceux qu’ils rencontrent ?


Cet aspect en accompagne un autre : nous avions dans les Lames du Cardinal un rassemblement de spécialistes, ça donnait un petit peu ce sentiment qu’on peut avoir en regardant Mission impossible (la série), ou un film comme Ocean's Eleven. On a des experts rassemblés sous l’égide d’un chef compétent pour accomplir l’impossible. C’est dur, ils en bavent, mais ils sont présentés au départ comme des très bons. On peut s'extasier devant leur compétence. Ici, rien de tel, l’impression générale est plutôt celle d’une bande d’éclopés et autres traîne-savates, au bord de l’implosion et qui ne s’en sort que par miracle. Ça ne fait pas rêver.


Il y aurait encore beaucoup à dire mais je crois que ma position est claire. Que ce roman se situe dans l’univers des Lames du Cardinal est sa seule vraie qualité, et encore le fait qu’il décrive l’avenir des Lames n’est pas un point positif, vu l’avenir en question. Tout le reste n’est pas forcément mauvais, mais rarement bon. La trilogie originale est largement au dessus, et ce roman n’est à lire qu’en dernier recours, si vraiment vous avez besoin de votre dose de dragons vs mousquetaires.


Critique tirée de mon blog.

Mattchaos
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le 12 févr. 2021

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