L’histoire se déroule à Dely Brahim dans la banlieue ouest d’Alger, dans cette cité du « 11 décembre 1960 » appartenant à l’armée et réservée à des familles de militaires ou d’anciens « moudjahidine ». Au centre de ce lotissement, un terrain vague, jamais aménagé, initialement destiné à devenir une aire de loisirs pour ses habitants, est devenu un terrain de football improvisé par les jeunes de la cité.
Un matin pluvieux de février, deux généraux débarquent avec leurs plans, ils prétendent être les propriétaires du terrain. Ils ont l’intention d’y faire construire deux somptueuses villas. Une bagarre éclate avec les jeunes présents, qui dégénère très vite, les militaires sortent leur arme.
Dans ce pays où l’on se soucie moins de l’intérêt général que celui des généraux, ce scandale est largement repris par la presse et les réseaux sociaux. Les généraux portent plainte pensant être victimes d’un complot.
Les plus jeunes s’organisent et occupent le terrain jour et nuit, ils sont bien décidés à défendre leur terrain de foot devant les yeux désemparés de leurs parents qui craignent les représailles.
Dans ce roman, la jeune algérienne Kaouther Adimi s’empare d’un fait divers de son pays datant de 2016. Elle l’enrichit en construisant une fable dont les héros sont des enfants d’une dizaine d’années.
Elle explore les maux de la société algérienne actuelle avec finesse, soulignant le poids de l’histoire, notamment de la décennie noire. Elle prend plaisir à ridiculiser les généraux paranoïaques engoncés dans leurs certitudes, ne réalisant pas que les temps ont changé.
Avec fantaisie et humour, elle dénonce l’emprise d’une gérontocratie militaire arrogante et corrompue sur des Algériens asservis, résignés et timorés.
Un roman intéressant pour comprendre l’Algérie actuelle où les moins de 25 ans représentent 45 % de la population.