Isaac Asimov est un des grands noms de la littérature SF. Avant quasiment tout le monde ses œuvres ont prédit des branches de développement des sciences. Les Robots, premier tome du cycle du même nom s'est imposé comme un modèle du genre avec ses fameuses Trois Lois de la Robotique.
En bref : un robot doit obéir aux ordres des humains, il doit aussi essayer de se préserver. Mais avant toute chose il ne doit pas blesser un être humain ou permettre qu'il soit blessé. Avec ces trois commandements de base (réutilisé dans quasi tous les films/livres de robots où ceux-ci n'essaient pas de détruire le monde), Asimov raconte ici une série de nouvelles sur les robots. Les premiers sont à peine plus que des jouets, les derniers sont supérieurement intelligents et dirigent des humains sur des stations ou planètes.
Les neufs histoires de robots de ce premier tome sont succinctes. On y suit principalement les aventures de Gregory Powell et Mike Donovan, faisant office de testeurs pour robots cinglés en situations périlleuses, ainsi que les énigmes de Susan Calvin une psychologue pour robots. Rien que ça ! Chacune de ces histoires est un bref aperçu d'une société humaine où les robots sont de plus en plus présents. Assignés à des tâches subalternes initialement, ils prennent petit à petit de l'importance jusqu'à devenir des éléments clefs de la société humaine, voir même des dirigeants indiscernables des hommes politiques "normaux".
Une chose intéressante à noter, c'est qu'Asimov est contre le bon vieux mythe de Frankenstein, la créature monstrueuse créé par l'homme et qui se retourne au final contre lui. Il avance dans les années cinquante que si on développait des robots "intelligents" on les créerait de telle façon à ce qu'il ne puissent échapper à notre contrôle. D'où les fameuses trois lois de la robotique sur laquelle crache joyeusement l'adaptation (très libre) I, Robot avec Will Smith. Un film d'action/SF sympathique par ailleurs mais qui oublie le principal en cours de route pour faire plus impressionnant, ce qui est dommage en un sens. Ici les robots sont défaillants, doutent, ou sont en proie à des contradictions et des dilemmes, en véritable reflet des êtres humains qui les ont construits.
Comme il s'agit dans ce premier tome d'un recueil de nouvelles, à la base séparées d'une certaine période de temps on doit cependant constater deux défauts. Premièrement, et c'est pardonnable, les nouvelles nous laissent parfois sur notre faim, étant courtes (des nouvelles quoi !). On aurait bien aimé un peu plus de background, des personnages plus étoffés etc... Cela ne viendra que par la suite dans les autres romans du cycle. Deuxième problème selon moi : les dialogues sont un peu plats et répétitifs. Toujours à cause de ce fameux format initial de nouvelles on nous réexplique plusieurs fois certaines informations comme les Trois Lois. Au bout de deux ou trois relecture l'humain moyen les connait par cœur et se trouve agacer de se les entendre répéter encore et toujours.
Ce premier tome est finalement une bonne introduction (un peu expéditive certes) à l'univers bâti par Asimov sur toute une série de livres fascinants. Le meilleur selon moi restant Les Cavernes d'Acier, un polar robotique en pleine dystopie terrienne. Si le cycle des robots a un peu vieillit - en presque soixante-dix ans de SF tout de même ! - ses pronostiques s'avèrent étonnamment justes dans plein de domaines et sont de toute façon précurseurs du genre. Un classique de la SF qui se lit rapidement et à qui on pardonne ses quelques défauts.