Les morsures de l'ombre
N’allez pas à Besançon, c’est un coin chelou, je vous le dis !Non mais… j’ai failli y aller ! Heureusement que j’ai lu ce livre ! J’ai pas vraiment envie de finir comme le commissaire Lorand, moi...
le 16 nov. 2017
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Le commandant de police Benoît Lorand se réveille dans une cave lugubre derrière des barreaux.Comment est-il arrivé là ? Il n'a que le vague souvenir d'avoir suivi une séduisante rouquine chez elle pour boire un verre.
Et pour cause, cette dernière, Lydia, le rejoint très vite. Il est là pour une raison, confesser le viol et le meurtre d'une fillette quinze ans plus tôt.
Avec ce thriller, on retrouve le style caractéristique de Giebel. Des phrases hachées qui donnent un style plus percutant, cassant parfois un peu trop le rythme ; et surtout des longueurs qui amènent vers un final souvent jouissif de frustration (oui oui).
J'ai aimé, pris plaisir dès que je reprenais la lecture, ai voulu savoir la fin. Toutefois, l'histoire a des petits côtés fades, en effet, les personnages ne sont pas tellement attachants, tout le rabâchage quant aux infidélités de Benoît ne mène nulle part et le temps de la séquestration paraît bien long pour quelqu'un sans cesse à l'agonie (vu les souffrances dans lesquelles il était dit être, je m'attendais à le voir clamser à chaque fois pour garder une certaine cohérence entre les sévices et les conséquences).
On peut aussi ajouter le fait que - comme toujours - Giebel veut jouer plutôt le côté thriller que l'aspect policier, du coup l'avancement de l'enquête qui est fait pour rester dans la panade à tendance à être un aspect "dommage" du livre. C'était la possibilité d'ouvrir plusieurs pistes d'avoir en parallèle des scènes sur les enquêteurs mais on sent très vite que jusqu'à la fin ils vont galérer, jusqu'à l'ultime dénouement. Ca donne un côté tellement galérien que c'en devient irréel, ne pas trouver d'indices ou d'orientations pendant autant de temps alors qu'en plus il s'agit d'un membre de la police... Peu convaincant. D'ailleurs il est difficile d'en juger parce que le récit commence avec un Benoît déjà enfermé dans une cave, ce qui épargne le travail de l'écrivaine sur toute la "stratégie" mise en place pour le kidnapping.
Bref, un côté assez survolé sur l'aspect technique des choses qui laisse penser que l'auteure n'avait peut-être pas assez de connaissances pour approfondir trop ces aspects là (simple supposition). En soit ça ne me dérange pas mais si ça avait été le cas ç'aurait rendu le tout plus complet et appréciable.
Enfin, la fin comme à ses habitudes est rageante. Je dirais moins que dans d'autres de ses bouquins justement parce que l'attachement aux personnages n'est pas vraiment là et qu'au final les "grands méchants" de l'histoire sont trop dans l'ombre pour qu'on se dise réellement que la fin heureuse était à deux doigts. Cela dit, ça fonctionne quand même parce qu'il y a ce ravissement (même si étant habituel c'était prévisible) de voir Giebel aller dans des unhappy endings (trop classe de le dire en anglais).
Plus que la découverte du corps de Benoît deux/trois heures trop tard alors qu'il étaient passés la veille, ce que j'ai trouvé de plus surprenant, réaliste, triste et horrifiant, c'est de voir la psychiatre rêver de tuer son patient psychopathe, tueur de petites filles et petits garçons pour finalement décider qu'elle préférait privilégier sa liberté en le laissant lui aussi libre de ses mouvements malgré les horreurs qu'il a commise et qu'il pourrait commettre à nouveau.
C'est probablement pour moi un des éléments qui passe comme un détail mais qui est vraiment puissant ; étant passée par le rêve sans qu'on s'en doute, on croit réellement qu'il y a une forme de justice et d'humanité (dans un meurtre oui) pour au final qu'on se réveille en même temps qu'elle et qu'on constate que même cette petite joie Giebel ne nous la donnera pas.
Créée
le 27 avr. 2015
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