[critique commune aux deux tomes de la série]
Max a seize ans. Flora en a dix-sept. Ils fréquentent le même lycée mais ne se sont jamais parlés. Atypiques, asociaux, Max et Flora sont deux êtres blessés par la vie et les gens, ils observent le monde à distance. Pour Max, la vie est un combat de tous les instants ; jamais à l’abri d’un incident, le monde lui semble hostile et il lui arrive de faire des crises d’angoisse… Jusqu’à celle de trop, celle qui aboutira à un rejet complet du monde et à un enfermement choisi. Pour Flora, le lycée est une jungle ; bonne élève, elle ne s’intègre pas particulièrement à la masse des élèves qu’elle côtoie mais s’efforce de se fondre dans le paysage. Lorsqu’elle devient la tête de turc d’une camarade, son quotidien devient un enfer. Harcelée, acculée, elle finit par laisser exploser sa colère d’être une victime et devient l’assaillante, battant brutalement sa tortionnaire qu’elle envoie à l’hopital. Flora est envoyée en prison.


La folle rencontre de Flora et Max est la rencontre épistolaire de deux êtres fragilisés par un monde dans lequel ils ne trouvent pas leur place. Cette correspondance est une fenêtre sur le monde, un moyen d’entrer en communication avec un autre être humain avec qui chacun partage des points communs avec l’autre. En tête de liste il y a l’enfermement. Au fil de leurs échanges, un changement s’opère en eux et c’est ensemble qu’ils tentent d’ouvrir la porte qui les ramènera dehors; leurs espoirs les poussent à organiser l’après dans un univers choisis par et pour eux. La forme épistolaire positionne le lecteur en tant que spectateur et met en lumière le pouvoir de l’écriture dans la guérison de bien des maux.


Dans Les nouvelles vies de Flora et Max, on retrouve nos deux héros quelques mois après la fin du premier roman. Flora est étudiante à l’université, elle travaille également dans une maison de retraite et a pris son indépendance. Max de son côté ne vit plus chez son père mais chez sa mère et fait un CP cuisine où il réapprend à vivre avec les autres. Avec d’autres jeunes ils se retrouvent à la maison de retraite où ils ont tissé des liens avec certains pensionnaires. Lorsque le Maire de leur commune décide de raser ce lieu de vie pour en faire un supermarché, les jeunes s’associent aux résidants pour organiser la riposte et faire sauter le projet. Entre temps, nos deux héros doivent apprendre à vivre avec ce qu’ils sont tout en apprenant à accepter le monde dans lequel ils évoluent. Mais ils doivent aussi faire face à de nouvelles émotions qui pourraient transformer leur belle amitié.


Martin Page et Coline Pierré signent une histoire touchante portée par des personnages attachants. Ecrits à quatre mains, ses deux romans prennent une forme différente pour nous raconter les difficultés à s’intégrer dans une société, dans laquelle ils ne se reconnaissent pas, de deux jeunes « presque » adultes. Différents, ils se confrontent à un monde où les relations humains et les codes sociaux leur paraissent incompréhensibles. Sensibles, il leur faut avant tout apprendre à affronter leur plus grande peur pour oser aller vers les autres et découvrir les richesses que le monde peut aussi apporter. Les émotions sont justes et emportent le lecteur dans une réalité encore trop souvent négligée, celle des enfants, et par extension des adultes, différents qui ne trouvent pas leur place dans un monde régi par une normalité en laquelle ils ne s’identifient pas. Les auteurs abordent avec beaucoup de pudeur des sujets délicats tels que le harcèlement scolaire, la violence ou encore les formes sévères d’anxiété (phobie scolaire, phobie sociale).


Mes deux filles (onze ans) ont dévoré le premier volume, elles ont été très touché par l’histoire et ses personnages. La forme épistolaire ne leur étant pas familière, elles ont été surprise de découvrir que ce format permet également de communiquer autant. Elles ont moins accroché au deuxième tome, vite laissé de côté, car elles n’ont pas retrouvé la même forme, et que l’amitié entre Flora et Max étant bien installée et leur retour dans le monde étant acté, elles n’y voyaient plus le même attrait. Pour ma part c’est un coup de cœur. Les deux textes se font parfaitement suite et apportent chacun un regard différent sur une relation naissante entre deux personnages et une relation entre eux et le reste du monde.


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Ladythat
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le 5 déc. 2020

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