La quête du savoir

Premier tome de la trilogie martienne, Les prêtres de Mars va nous montrer toute la puissance de l'Adeptus Mechanicus.

Lexell Kotov est un archimagos de Mars. Suite à plusieurs revers, il s'est vu confisquer plusieurs de ses mondes forges. Afin de redorer son blason et de retrouver sa gloire, il se lance dans la quête du savoir retrouver les traces de Telok, membre de l'Adeptus Mechanicus disparu il y a plusieurs millénaires et qui aurait selon la légende mis la main sur un puissant artefact technologique : le Souffle des Dieux. Ainsi à bord de son vaisseau amiral, l'arche Speranza, Kotov va mener une expédition de l'Adeptus Mechanicus accueillant également dans ses rangs des cadiens, des Black Templars, des titans... et cela ne sera pas de trop pour une quête qui les mènera au-delà des frontières de la galaxie.

La force du roman réside avant tout dans le descriptif et le point de vu de l'Adeptus Mechanicus. Il s'agit ici d'une véritable pépite très riche dans son organisation (les cartographes, les scientifiques, les administrateurs, les spécialistes du combat...), ses technologies, ses algorithmes, sa façon de pensé... et ses intrigues politiques internes, c'est un vraie plaisir d'avoir une telle profondeur pour cette faction. Le tout avec cet aspect sans humanité ou presque, faisant passer la "logique" et le pragmatisme au sommet. Une flexibilité et une diplomatie proche du zéro avec leurs interlocuteurs humains (et même avec les spaces marines). Les procédures sont les procédures, les chiffres et statistiques sont rois. La description de l'anatomie et du fonctionnement de ces adeptes est également très bien rendu. Les échanges de flux de données, les accès à ces dernières, les traitements d'informations, les corrections... de l'informatique si naturelle. Plus qu'un outils, plus qu'un art, c'est véritablement une forme de culture servant à s'exprimer et se valoriser. Déjà bien poussé dans Mechanicum, on peut le dire, McNeill fait un boulot fabuleux. Plus que jamais les machines sont considérées comme des animaux ou des êtres vivants conscients... et pourtant on ne peut s'empêcher de sourire face à l'ambiguïté de l'Adeptus Mechanicus dans le dégoût des intelligences artificielles qu'on croise par hasard alors que pourtant on vénère les Esprits des Machines (qui concrètement SONT des intelligences artificielles) qui sont sortis des forges martiennes. La description de la logistique et de l'arche donne une dimension fabuleuse et pose la puissance de l'Adeptus Mechanicus. Les moteurs, générateurs et grues aux tailles colossales. Les énormes espaces de vie et autres entrepôts où même les titans peuvent s'entrainer en simulant des batailles.

Les autres protagonistes ne sont pas en reste pour autant et ne sont pas mis en retrait. Au premier plan on retrouve Roboute Surcouf (et son équipage), libre marchand grâce à qui toute cette expédition est possible. Les titans restent toujours aussi majestueux et conservent un certain orgueil... on constate que comme dans la hiérarchie des prêtres de Mars, la hiérarchie des princeps n'est pas aussi calme et stable que cela. Les Blacks Templars bien que très peu nombreux conserve cependant une certaine présence non négligeable même si plutôt désintéressé de l'expédition en elle-même. Les cadiens sont bien moins présents et alors qu'on pourrait s'attendre à ce qu'ils s'entendent plutôt bien avec l'Adeptus Mechanicus grâce à leur discipline et leur sens aigu de l'organisation on observe tout de même certaines difficultés culturelles. Reste enfin l'équipage / esclave du vaisseau. Un point de vu intéressant sur le fonctionnement de cette énorme machine qui vie dans des conditions exécrables, ne se résumant qu'à des chiffres et des numéros pour leurs maîtres. Toutes ces manières de pensées différentes, ces comparaisons, ces rivalités donnent de la vie et forge l'un des principaux intérêts du livre.

On ne se retrouve donc pas avec juste l'histoire de l'expédition. Chacun a sa propre histoire qui se développe en parallèle. Entre l'équipage à bout prêt à se révolter, les space marine en croisade, les titans qui se chamaillent... cela promet et cela donne un rythme diabolique. Tout s'entremêle sans difficulté et on dévore les pages à une vitesse. Les ouvriers se voient accorder une part relativement importante et permet de conserver un aspect humain fait à un Adeptus Mechanicus déshumanisé. Cet ensemble de personnages hétéroclites mais riches permet d'attaquer l'expédition suivant bien des angles. Le fait qu'ils ne se croisent pas nécessairement et qu'ils vivent chacun de leur côté apportent également une touche qui permet des scènes très intéressant lors des chocs culturels. On appréciera particulièrement le duel entre un space marine et un secutor mettant la théorie des chiffres et des statistiques à rude épreuve.

En plus de ces trames secondaires, la trame principale ne s'avère pas linéaire et propose de bond rebondissement faisant intervenir ou non de nouveaux protagonistes. Les évènements vont mettre à mal ce début d'expédition qu'on pourrait tout aussi bien qualifier d'épic que de... maudite (pour notre plus grande joie, faut l'avouer XD). Entre intrigues internes, accidents, xénos et autres joyeusetés, on ne s'ennuie jamais tout au long du livre !!! Le tout pour une fin de premier tome assez réussie.