Les Rêveurs
6.7
Les Rêveurs

livre de Isabelle Carré (2018)

Laissez Isabelle Carré vous prendre la main et vous guider pour marcher avec elle sur le fil de sa vie. Ce fil délicat, tissé de souvenirs de sa famille pas comme les autres. Ce fil sur lequel elle se maintient en avouant les efforts que cela nécessite, tout en s'étonnant que les autres aient l'air d'avancer avec facilité.
Ce fil d'où il lui est arrivée de tomber...vers la fenêtre ou vers la scène.
On est à l'opposée de l'actrice "people" à l'ego surdimensionné, amoureuse de son image et bling bling.
On découvre une femme sensible, qui revient sur ses fragilités mais aussi celles de ses parents qui, coincés dans les conventions des années 70 ont été contraints de construire une partie de leur vie sur des mirages et cacher leur personnalité sous des apparences de normalité. Mais le naturel revient au galop et les excentricités s'affirment autrement : dans les lubies, la décoration, les rêveries. Les enfants, dont Isabelle, poussent un peu comme des framboisiers : un peu guidés, beaucoup sauvagement,
passionnément différemment. Et être différent quand on est ado, c'est déstabilisant...


Isabelle ne suit pas la chronologie exacte des événements, mais cela n'est pas fouillis. On suit les méandres de ses pensées, comme un rêve dont le sens global se précise au fur et à mesure que les images se dévoilent.


Comme Isabelle Carré, j'avoue avoir eu des épisodes de vie de famille dont la loufoquerie me décalait par rapport à mes coreligionnaires ado. Moi j'étais la fille qui déménageait tout le temps, dont la mère, chaussée de hautes bottes en daim beige, portait un improbable pull bleu électrique long sous une veste en peau de mouton retournée, et réussissait l'exploit au collège d'indiquer en une minute au prof de science naturelle écolo avant l'heure, qu'elle était chasseuse et travaillait dans une centrale nucléaire.


J'avoue aussi partager les interrogations d'Isabelle Carré et tenter de deviner les réponses. Comment font les autres ? Ils ont la conscience plus légère, moins de questionnements, moins de bizarrerie, moins de fêlures. Ou alors ils les cachent mieux.


Alors faut-il le lire ? Oui. On a envie de devenir amie avec Isabelle Carré. de s'asseoir avec elle à la terrasse d'un café parisien, pour regarder les autres, en parlant. Ou sans parler. Parce que comme disait W. B. Yeats : "Tread softly because you tread on my dreams."

CarolineGalmard
8
Écrit par

Créée

le 8 avr. 2019

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