Un voyage tant extérieur et géographique, qu'intérieur et spirituel.

Et hop-là ! Un livre court (124 pages) lu d’une traite. Quand j’étais à la librairie Mollat hier, le titre et le quatrième de couverture m’ont aussitôt attiré, parce que le vagabondage est une notion qui m’est très chère. Alors, de quoi s’agit-il ?

« A trente-trois ans, je pose mes valises et m’interroge : cela fait des années que tu cours sur les routes après un sens ; existe-t-il ? Parviendras-tu encore à échapper à ton époque ou céderas-tu au désenchantement ? Partir encore. Mes longues marches dans le désert ont guéri des blessures mais le mot “ailleurs” est devenu une obsession. Comme si je ne pouvais jamais revenir. A chaque retour, il me faut de nouveaux rêves pour tenir. Le voyage est devenu un esclavage. Alors, j’ai compris qu’il devait servir une autre dimension : intérieure. Le véritable vagabond ne serait pas celui qui prend la route, mais celui qui part chercher son âme. Ces pages sont l’écho de cette quête. »

Il s’agit donc du témoignage d’un écrivain voyageur qui, suite au décès de son frère, se retrouve animée par une crise existentielle qui sera le prélude d’une quête spirituelle et d'un voyage initiatique qui la mèneront dans les déserts d’Afrique du Nord (on songe aussitôt à Théodore Monod dont on retrouve une citation dans l’ouvrage), dans un couvent perdu dans la jungle de Guinée-Conakry ou encore auprès d’un sage en Inde. Toutes ces expériences nourriront ses interrogations sur le sens à donner à sa vie. Le texte de Blanche de Richemont est un hommage rendu à tous ceux qui se détachent des liens qui les privent de leur liberté, qu’ils soient des vagabonds solitaires qui s’évadent dans le vaste monde extérieur, ou les spiritualistes et les mystiques qui s’évadent dans leur propre âme.

La nature est omniprésente dans le récit, et les idées transcendentalistes d’Henry David Thoreau et de Ralph Waldo Emerson jalonnent chaque chapitre, le premier de ces deux auteurs américains est abondamment cité dans le « Manifeste Vagabond ». Deux autres auteurs sont souvent cités : Hermann Hesse et Jack Kerouac. Ernst Jünger et (enfin un contemporain, et non des moindres !) Sylvain Tesson figurent aussi parmi les auteurs les plus cités. Friedrich Nietzsche a aussi eu droit à figurer dans ce livre, ce qui, comme pour tous les autres auteurs que j’ai cité, me semble tout à fait logique !

Les thèmes centraux du livre sont la souffrance, la liberté, le voyage, la solitude, l’éveil spirituel, la sagesse et la nature. Que des thèmes que j’affectionne, donc. Le style d’écriture est très fluide, les phrases sont courtes et s’enchainent très rapidement.

Je recommande avec enthousiasme et sans réserve aucune cet ouvrage qui m’a procuré une jubilation permanente à sa lecture. Je voudrais tant que les gens se remettent à avoir cette sensibilité particulière à la Vie et à l’Univers, et qu’ils se remettent à porter les idéaux qu’on retrouve chez Blanche de Richemont ainsi que dans toutes les œuvres littéraires qui enchantèrent dans les années cinquante la Beat Generation, puis les Hippies dans les années soixante. Le Manifeste Vagabond est dans la droite lignée de ceux-ci.
FlorentThomas
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le 3 nov. 2012

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