Mes chasses

Résumé : La chasse a été pour Dumas la passion des passions, au-dessus de l'amour, au-dessus de la littérature même, auxquels pourtant il s'est donné avec frénésie. «Si Dumas n'a jamais appris à écrire, il a appris à chasser. Ses instituteurs silencieux ont été les gardes forestiers», note Claude Schopp, maître d'oeuvre de ce volume qui, dans ses battues dumasiennes, a débusqué ce savoureux recueil de récits de chasse, rassemblés par Dumas pour la revue La Vie à la campagne de septembre 1861 à janvier 1864. Des documents attestent que l'écrivain a longtemps nourri le projet de les publier en volume. Sa volonté est enfin faite, presque cent cinquante ans après.Extrait du livre :MON SECOND LOUP J'avais quatorze ans à peu près. Ma mère, voyant que je pas­sais tout mon temps à la marette, à la pipée, ou à la chasse, ou plutôt au braconnage, entendant dire de tout côté que je n'étais bon à rien, et qu'elle ne ferait rien de moi, résolut d'en faire un clerc de notaire.J'entrai donc, avec une répugnance visible, je dois l'avouer, chez un de nos amis, nommé maître Mennesson. C'était un homme de trente-six ans, court, trapu, roux, cynique, vigoureux, assez instruit, même en dehors de son état, voltairien en diable, libéral enragé, gouailleur s'il en fut. Une fois chez lui, il fallut pour tout le temps de la semaine renoncer à la marette, à la pipée et à la chasse. Il est vrai de dire que j'avais toute liberté le dimanche.Voici deux fois que je répète les mots de marette et de pipée, sans m'inquiéter de savoir si mes lecteurs en connaissent le sens. La marette diffère de la pipée en ce qu'à la marette on attend les oiseaux et qu'à la pipée on les appelle. Pour prendre les oiseaux à la marette, il suffît de connaître, dans une forêt riche en oiseaux, une petite mare, comme l'indique son nom, bie