Big Apple

Inclassable : une sorte de pastiche ultra-vitaminé de polar, style mafia italo-américaine et journalisme, euh, d'investigation, si l'on peut dire. Un rythme trépidant, un scénario complètement abracadabrant, des gags à chaque page, des dialogues de dingue et une galerie de personnages tous plus barrés les uns que les autres. Voilà pour planter le décor.

Le bouquin met en scène l'équipe de rédaction, au grand complet, des éditions Cameleon, spécialisées dans la presse de caniveau et dont "Midnight Examiner" est le titre phare et s'apparente, pour faire une analogie hexagonale, à Détective, hebdomadaire qui connut son heure de gloire en France dans les années 70. Autour duquel viennent se greffer diverses revues spécialisées, destinées chacune à un public particulier : Rambos en devenir, ménagères de moins de 50 ans, amateurs de seins et de fesses, de conseils beauté ou de potins sur la vie des stars. La ligne éditoriale de tous ces torchons est décrite avec force détails et c'est par moment vraiment très très drôle. Quoiqu'un peu caustique, évidemment...Sans parler des publicités qui y sont insérées !

L'équipe de rédaction est évidemment à l'avenant, même si point par moments une vraie tendresse de la part de l'auteur pour ces personnages, hommes comme femmes, de new-yorkais, citadins acharnés mais esseulés. A la suite d'un concours de circonstances naturellement parfaitement invraisemblable, ils vont se retrouver - avec le concours d'un chauffeur de taxi égyptien - aux prises avec un parrain de la mafia italienne afin de sauver l'un des modèles qui pose sur les photos destinées à illustrer leurs articles. Inutile d'en dire plus ici, ce serait gâcher le plaisir d'un futur lecteur.

Le tout forme un bouquin qui se lit rapidement et - dans mon cas - avec une jubilation certaine. On en retiendra également une sympathique évocation du New-York des années 80, une époque où des personnes aux revenus moyens, voire faibles, parvenaient encore à y résider, et, où, du coup, l'ambiance de cette ville unique en son genre, si elle respirait sans doute moins la prospérité qu'aujourd'hui, n'en était pas moins certainement plus animée et vivante que ce n'est le cas désormais.