Connaissez-vous la recette du Moul€ Fric ?
Oui, depuis que j’ai lu le livre de Leonnic Asurgi. Et les ingrédients qui entrent dans sa composition ne manqueront pas de provoquer chez le lecteur de la Tentation un petit haussement de sourcils que l’on pourrait traduire par « Cornegidouille ».
Vous vous souvenez de mon épiphanie dans une forêt tchèque, celle qui a présidé à la destinée de LTPR ?
Imaginez à présent que son vecteur ait été une entité verdâtre à tête de tortue, pourvue de longues oreilles pointue, d’une certaine propension à léviter, et affublée de quelques TOCs d’ordre grammatical.
Ça aurait pu donner ceci :
"Une histoire tu raconteras. En prépa scientifique évolueront pour commencer les protagonistes principaux. Les tarauderont des questions de légitimité et la compétition féroce ils connaîtront. Les joies (et les peines) d’une école d’ingénieurs ils expérimenteront. Amitié et amour ils rencontreront. Une énigme à résoudre ils auront, et une quête les voyager fera. Sur plusieurs années les faits se dérouleront. La trame, dans une réalité pleine de références documentées ancrée sera. Les excès de la course au fric en passant tu dénonceras. A la Bretagne des clins d’œil appuyés tu feras. Par les calembours et jeux de mots effrayée tu ne te montreras point. Va, vis, écris et deviens ce que peux."
(Oui, je reconnais, c’est un peu pénible à déchiffrer. Lu à haute voix avec une pince à linge sur le nez, ça passe mieux.)
Vous admettrez que la Tentation utilise tous les ingrédients mentionnés dans ce cahier des charges très précis.
Par une étrange coïncidence, il s’avère que Moul€ Fric aussi.
Je ne sais pas si Leonnic Asurgi a visité la même forêt tchèque que moi ou s’il a rencontré une tortue en lévitation obsédée par « à quoi sert donc un ingénieur informaticien », mais à un moment, nos câbles ont dû se croiser.
Le résultat, pourtant, donne quelque chose de très différent de la Tentation.
Déjà, le format en un volume unique de Moul€ Fric en facilite la digestion. Et puis malgré les calembours et les quelques pointes d’humour, le propos général reste au final assez sombre et empreint de mélancolie.
Concernant la forme, on peut mettre un peu de temps à entrer dans le livre qui commence par une présentation assez distanciée des personnages, dont les caractères et les ambitions se révèlent moins à travers les dialogues ou l’action qu’au fil de descriptions. La deuxième partie est plus dynamique et les enjeux plus intimes qui y sont développés ont de bonnes chances d’accrocher le lecteur jusqu’au dénouement.
Au fait, si je vous dis que Leonnic Asurgi a fait des études d’ingénieur et a travaillé à Rennes dans l'informatique pendant plusieurs années, ça ne vous étonnera pas, n’est-ce pas ? ;)