Virginia Woolf est, comme on le sait, une auteure lyrique. Trop, hélas, car au bout de cinquante pages de métaphores, de comparaisons et d'autres figures de styles, les unes après les autres, je n'en pouvais déjà plus.
La figure de style est quelque chose d'important, qui peut avoir un impact si utilisé avec mesure, mais en la surdosant on lui enlève sa puissance, elle ne devient plus qu'un ensemble de mots abstraits et encombrants dont il faut vite se débarrasser pour passer à la suite.
Il faut dire que le "flux de conscience" est utilisé ici pour nous fournir, non les pensées exactes des personnages, mais leurs souvenirs et leurs impressions. Quand on ajoute cela à la finesse de la trame narrative, on obtient un roman en grande partie descriptif – ce que je redoute le plus.
En résumé, 250 pages de mondanités, de bruits de voitures, d'arbres, d'oiseaux et de fleurs. le style est omniprésent, mais le contenu léger : j'ai apprécié les personnages de Septimus et de sa femme Lucrezia qui témoignent du sort de ceux qui sont revenus de la guerre sans séquelles physiques mais mentales ; les autres personnages ne témoignent que de la vie de la bourgeoisie anglaise, donc rien d'excitant, d'un chagrin d'amour assez banal et de la nostalgie. Virginia Woolf évoque d'ailleurs à merveille la nostalgie ; on ne peut pas nier son talent d'écriture. Mais la lourdeur du lyrisme exagéré, emphatique, et les nombreuses longueurs dues aux descriptions gâchent le plaisir de lecture.