Chine, 1949. Alors que l'arrivée au pouvoir des communistes est imminente, Hong Kong, bastion occidental, est la toile de fond du roman, un point d'observation, un miroir et une fenêtre sur cette Chine nouvelle qui se prépare. Dans cette île surpeuplée cohabitent réfugiés chinois, missionaires chrétiens désemparés et bonne société blanche nostalgique du "bon vieux temps", inquiète des perspectives commerciales d'une Chine communiste.
C'est là que s'est installée Han Suyin, médecin, Eurasienne mais très attachée à ses racines chinoises et à sa famille, avec sa petite fille. C'est là aussi qu'elle rencontre Marc, un journaliste anglais; entre eux naît une passion, la multiple splendeur de l'amour que Han Suyin dit avec tant de grâce, de style et de poésie, apportant une douceur, un moment de calme dans le tumulte ambiant.
Mais autour des amants gravitent de nombreux obstacles à cette passion. D'abord, celui de la société: Marc est marié, Suyin est Eurasienne, leur liaison fait scandale et place la jeune femme à l'écart de la bonne société hongkongaise.
Leurs situations politiques les séparent: lui est blanc, Anglais, et si ses vues politiques ne sont pas abordées Suyin le soupçonne de sympathies impérialistes. Elle est profondément attachée à la terre de ses ancêtres, aux valeurs traditionnelles chinoises, à sa famille, à son peuple, et elle regarde le régime communiste nouveau né d'un œil intéressé. Tout cela laisse peu d'espoir de vie commune.
Mais si cette union parfaite semble transcender tous ces obstacles, elle est marquée par le destin
et finira tragiquement, abruptement, lorsque Marc meurt alors qu'il couvre la guerre de Corée.
Le contraste et les jeux de miroir entre politique et privé, Hong Kong et la Chine, destinées personnelle et commune, les mots de Suyin pour dire la Chine, la vie intérieure, la beauté des choses et l'éphémère de la vie, tout cela fait la richesse et la beauté de Multiple Splendeur.