Le génie a en effet tellement offert au monde du comics, que c’est un juste retour des choses que de voir le petit microcosme du comics lui rende hommage également. Urban Books nous offre donc ce petit pavé de trois cent trente six pages, paru initialement aux Etats-Unis en 2004. Trois cent trente six pages où l’on s’en prend plein les rétines ! Des dessins et encore des dessins d’Alex Ross, que du bonheur ! Il est tellement plaisant d’admirer les pages de cet artiste/peintre adepte du photoréalisme qu’il maîtrise à la perfection. A chacune de ses illustrations, une telle grandeur s’en dégage, que l’on en reste sans voix. Je vous invite à découvrir ce livre avec moi.

Avec Mythology, entrez dans les coulisses du processus créatif d’Alex Ross, de ses premiers dessins à l’âge de trois ans aux mémorables Kingdom Come, Justice et Batman : Guerre au Crime. L’artiste y dévoile non seulement son amour de longue date pour les personnages de légende qui composent l’univers DC, mais également les secrets de son travail fascinant. Le designer Chip Kidd et le photographe Geoff Spear se sont associés à l’artiste pour éclairer d »un jour nouveau son approche graphique et scénaristique unique des super-héros. Plus de trois cents pages dans l’intimité du plus étonnant des dessinateurs de comics de sa génération, préfacées par Night Shyamalan, réalisateur d’Incassable et du Sixième Sens.
Urban Books, nous présente un bel ouvrage. Couverture cartonné, format plus grand que tout ce qu’Urban Comics a pu nous présenter jusqu’à maintenant, et surtout beaucoup plus large. Papier glacé. Le contenu est une véritable ode à Alex Ross et ses œuvres, des dessins à chaque pages, légendés, commentés par Alex Ross himself, annotés par la crème du l’univers comics comme Paul Dini.
Des dessins, mais aussi des croquis, des ébauches et même des photos sur sa méthode de travail sur le photoréalisme avec les photos de certains de ses modèles. Un contenu riche, varié et terriblement beau.

Pas de sommaire et d’explication sur le contenu au début de ce livre. Non, rien de tout cela. Mais dès la lecture commencée, on comprend bien vite que cet ouvrage suit une ligne directrice simple et facile à deviner. Chip Kidd, Geoff Spear et Alex Ross, partent du début de l’artiste, à sa vision des personnages pour terminer sur son œuvre majeur et intemporelle.

Le livre s’ouvre avec ce que l’on pourrait penser être sa vision des grandes icones de DC Comics. Une préface de Shyamalan, une explication sur le pourquoi d’un tel livre, une généalogie, les premiers dessins de l’artistes à trois, sept, dix et douze ans où déjà Superman, Batman et leurs compagnons sont omniprésents, on parle un peu de ses inspirations, ses influences, sur ses méthodes novatrices de travail et enfin, les explications sur sa première commande de la part de DC Comics. Une commande concernant Superman…

C’est ainsi que se termine la première partie de l’ouvrage et débute la seconde. Démarre alors une odyssée à travers les différents personnages de DC, en commençant par Superman, tout y passe, dessins, peintures, croquis, couvertures de magazines, affiches de films. Alex Ross touche à tout, et tout ce qu’il touche se transforme en œuvre d’art ! Les personnages défilent, Superman, Batman, Wonder Woman, Shazam, la Société de Justice d’Amérique, La Justice League (Flash, Green Lantern, Zatanna, Supergirl, Black Canary…), la Légion des Super-Héros, les Jeunes Titans, à chaque fois une pluie d’œuvres sur le héros en questions, sur ses amis et ses ennemis, et les mots d’Alex Ross pour nous expliquer son approche, sa vision de chacun de ses personnages.
Tellement passionnant de plonger au cœur de l’esprit de l’artiste. Voir et surtout comprendre toute la réflexion qu’il y a sur chacune de ses représentations de nos héros.
Cette galerie impressionnante se termine avec Norman McCay, permettant de passer à la troisième partie…

… Kingdom Come ! Norman McCay, ce personnage si humain, si fragile, si important dans Kingdom Come, celui grâce auquel les auteurs s’interrogent sur le danger potentiel que peuvent représenter nos héros. Qu’ils pourraient représenter s’ils partaient en vrille. Au milieu des très nombreux dessins, ébauches eu autres notes, Chip Kidd nous plonge dans la psyché de l’artiste et on assiste alors au côté jusqu’au-boutisme de sa réflexion sur la réécriture de tous les personnages de la faune de DC. Comment lui sont venues les idées pour ce Superman qui sort de sa retraite, ce Batman usé et cassé, ou encore Hawkgod et tous les autres. Tous ses personnages sont mûrement travaillés et l’inspiration vient de partout, la religion, la mythologie, la musique, la vie de tous les jours ou encore ses proches. Son père donnant ses traits pour le personnage de Norman.
Une façon passionnante d’approfondir l’expérience Kingdom Come et de la rendre encore plus riche.
La dernière partie continue sur ce processus de création. Devenant plus pointue dans les détails tout en s’ouvrant sur l’œuvre en général d’Alex Ross. Où nous avons le plaisir de plonger dans l’intimité de l’artiste et d’assister à tout le processus de création du dessin utilisée pour illustrer la couverture de ce présent livre, entre autre.

Difficile d’émettre la moindre critique envers ce bouquin. Certains pourraient critiquer qu’il manque certains pans de la carrière de l’artiste, comme son travail sur Astro City, ou encore sur le triptyque Earth-X, Universe-X et Paradise-X. Une critique facile à balayer lorsqu’on prend le titre original du bouquin : Mythology: The DC Comics Art of Alex Ross, pour je ne sais quelle raison le « DC » est retiré du titre en version française.
Alors oui, l’œuvre d’Alex Ross est beaucoup plus vaste, mais sa plus belle œuvre reste, pour moi, Kingdom Come, et le plus gros de son travail est commandé par DC Comics. Il est logique donc de se recentrer sur le plus important. Plus de pages auraient peut-être été de trop, et la si belle construction éditoriale de Chip Kidd n’aura alors pas eu le même cheminement, la même symbolique que dans l’ouvrage tel qu’il est.

Je suis friand de la parole donnée aux artistes. J’aime connaître le pourquoi du comment, découvrir l’envers du décor. Souvent, lorsque je lis un comics, que je découvre un nouveau personnage, qu’un héros est retravaillé ou qu’il arbore un nouveau costume, je me demande comment l’idée a germé dans l’esprit de l’artiste. Chip Kidd permet à Alex Ross de répondre à mes question, il permet à Alex Ross de se livrer sur SA vision de SES héros, il permet à Alex Ross de donner davantage de poids à sa représentation. Il nous permet également de confronter nos opinions, nos ressentis vis-à-vis de tel ou tel héros. Il est intéressant de découvrir les inspirations d’un artiste, les motivations. De voir que ses personnages représentent ce qu’ils sont selon lui.
Il important, je trouve, de donner la parole aux artistes, qu’ils s’expriment autrement que la parole. Des gens comme Alex Ross, qui est un génie dans son domaine, s’exprime à travers ses dessins, transmet des émotions, nous file la chair de poule. Mais sans Chip Kidd, nous n’aurions sans doute pas appris que Norman McCay était le père d’Alex Ross, qu’il désirait qu’il soit ce personnage central de Kingdom Come, afin de lui rendre hommage, de lui faire honneur et de passer plus de temps avec lui, son père. C’est le genre de petites anecdotes passionnantes et touchantes qu’Alex Ross partage avec nous dans ce livre.


Ce qui fait la force, la grandeur, le talent, le génie d’Alex Ross, c’est qu’il ne cherche pas à faire de Superman un monsieur muscle, il ne cherche pas à faire de Wonder Woman une bimbo au formes de montagnes russes. Non, l’intérêt et la recherche d’Alex Ross c’est de faire ressortir le côté iconique de ses personnages ! Ce sont des héros à la stature glorieuse, qui impressionnent de par leur présence. De nous transmettre ce que ces héros représentent pour lui ! Alex Ross nous le montre dans ce livre et nous l’explique. Ce livre nous montre simplement qu’Alex Ross dessine avec le regard d’un fan à travers ses rêves d’enfants.
Ouvrage passionnant, on en prend plein les yeux du début à la fin ! On apprend des choses, on en redécouvre d’autres. Quarante euros c’est un petit investissement, mais vue la qualité générale de ce livre, j’ai envie de dire quand on aime, on ne compte pas. Comment ne pas aimer le travail d’Alex Ross ? Alors jetez-vous tous dessus^^
Romain_Bouvet
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le 21 juin 2014

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Romain Bouvet

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