Je n’attendais pas beaucoup de ce livre, et j’en ressors avec un sentiment assez misérable envers son auteur.
Factuellement et plastiquement parlant, on est devant 14 posts LinkedIn mis bout à bout.
RIEN DE PLUS
Avec tout ce que ça contient de faux-semblants en octroyant une supériorité morale sur la plèbe. De storytelling ultra forcé à la limite de la maladresse, en mode « tout le monde doit faire comme moi » dans un sous-texte à peine déguisé. Et de manque d’originalité concernant les sujets… À tel point demander si ce livre n’a pas été écrit tout simplement juste pour une micro remarque et qu’après tout le reste n’était que du remplissage.
Comme un mauvais album avec un son plutôt bon et très autres jetables.
Ce qui est assez incroyable comme performance...
J’en veux pour preuve la masse de chapitres qui ne servent à rien et leurs messages plus que discutables. Exemple...
Lors d’un storytelling, inutile, soit dit en passant, il remet en cause l’expression des boulangères qui nous demandent si « ce sera tout ». C’est à partir de ce moment-là que je me suis posé de vraies questions sur l’intérêt du livre. Car j’étais encore séduit par la proposition, j’avoue même avoir été attiré par la carotte de me dire « tiens, quelle va être la prochaine expression qui me donnera à réfléchir ».
Mais on est tombé bien bas d’un coup avec l’histoire de ce petit bourgeois pressé qui ose prendre mal qu’on lui demande "si ce sera tout".
J’avoue avoir été assez sonné, puisque moi, j’interprète le « ce sera tout » comme « n’hésitez pas si vous avez besoin de quelque chose d’autre, je suis là », et je me suis alors retrouvé dans la position de l’auteur.
L'auteur incarne donc précisément ce qu'il reproche aux autres et j'ai remis entièrement en question l'intérêt du livre.
Un peu perplexe, à me demander ce qu’il y avait de mal à demander « ce sera tout » et s’il n’était pas juste un peu trop sensible pour pas grand-chose. L’arroseur s’est donc retrouvé arrosé, en plus de me fournir de faux ongles de réflexion, une micro anecdote du quotidien qui tient plus du remplissage que d’une vraie remarque à méditer.
...
Ce qui est très amusant dans cette histoire, c’est que notre ami gauchiste ne sait pas qu’il a accouché d’une nouvelle génération qui ne pourrait que le détester. Alors laissez moi me frotter les mains et ressortir une des meilleures formules de ce camp, à l'encontre de l'auteur du livre:
Monsieur Philippe Bloch, d’où parlez-vous ?
Et oui, Monsieur Bloch… Car, comme votre pape, que vous avez eu le bon ton de citer, Jacques Attali, vous êtes un homme d’aéroport !
Vous ne vivez pas dans le vrai monde, vous êtes en surface de tout et c’est donc bien pratique de s’exprimer du haut de votre perchoir. Vous qui vous parez de bienveillance à tout va, c'est fou de ne pas avoir penser une minute que vous n'étiez peut être pas digne de telles remarques...
Alors je vais m’essayer au même exercice de storytelling que vous avez effleuré dans ce livre…
<<Derrière la baie vitrée, un avion se remplit comme une fourmilière métallique. Assis loin du flux, au calme, j’ai du mal à finir d’écrire ma critique et je referme donc mon MacBook au rythme de mon bâillement.
Trop occupé par mes pensées, je ne peux m’empêcher de laisser mon esprit vagabonder aux bribes de discussion que je croise dans ces couloirs immenses. Le trader promettant à sa 3ème maîtresse qu’il va bientôt quitter sa femme, la petite famille aux enfants indisciplinés dont les cernes des parents en sont le reflet et les employés de l’aéroport… Ces gens qu’on ne remarque plus vraiment. Mais qui sont pourtant remplis de comportements clichés. Le soupir quand la machine refuse la carte, l’agacement quand un client manque de politesse, le regard vide à la fin d’un service de nuit.
Le pessimisme français dans toute sa splendeur !>>
Ouvrez les premières pages et franchement on s'y croirait. Ce n'est pas plus compliqué que ça...
Évidemment, dans un monde où les indicateurs sont bons, l’être humain paraît simple à réparer. Un mot positif par-ci, une phrase motivante par-là, un tacle amusant aux gens négatifs et tout repart. Comme une machine.
D'ailleurs messieurs les convaincus, ne vous vois pas autrement que comme des machines… Au-dessus de la masse, à se parer de fausses vertus au maximum pour ne pas faire tomber le masque, pour avoir le luxe de se moquer des autres… C'est pitoyable et ce livre est un étalage de bonnes pensés qui cache un fond tellement nauséabond que j'en soupire encore d'amertume.
Les gens souffrent, ils vont mal et c’est toujours amusant d’en rire. Mais qu’un petit seigneur s’en gargarise, en camouflant ses avis politiques me semble assez inhumain.
Car notre ami n’en oublie pas sa dose réac’ et aveugle en voulant supprimer les 35H et en pointant du doigt que le réel problème est la peur du changement.
Il nous a simplifié la vie au niveau d’une discussion de comptoir !
Mais attention, contrairement à certains avis, qui semblent venir des PMU, monsieur nous invite aux mêmes types de réflexions, entre les coupes de champagnes.
Amusant de voir que ces deux profils ne sont que les faces d’une même pièce, avec leurs systèmes de pensée binaires.
Et vous savez quoi ? C’est profondément dommage…
Car j’avais bon espoir en ouvrant ce livre. Oui, il a la gueule du petit livre « cadeau jetable, qu’on trouve juste avant les caisses de la Fnac », mais on peut y trouver de bons shots de positivisme bien sentis.
En soi, le concept n’est pas bête et si on soigne notre langage et nos expressions communes, on pourrait remettre de belles couleurs au monde. C’est un petit effort que j’estime louable.
Puis d'un petit rien, on peut déjà s'inviter nous et nos proches à être un peu moins négatif pour rien.
Cependant, proclamé par un petit patron, avec une tribune sans fan, du sous-texte politique, un fond et un style simpliste, saupoudré d'un storytelling cliché au possible et un cruel manque d’idées nous faisant voir que du remplissage… C’est dur d’en retirer le positif.
C'est dommage, puisque je vais me mettre à la place de tous les lecteurs/trices, qui, comme moi, vont ouvrir se livre et se dire que "oui, ça s'entend complètement et qu'on pourrait tous faire l'effort de soigner nos expressions communes".
Mais vendu d'une telle manière, par un tel individue... Se refusant de voir la souffrance du monde et essayant de relativiser, comme dans le plus médiocre des stand-up, c'est quand même terriblement malvenu.
L’auteur critique les autres depuis une position sociale privilégiée, en proposant un discours simpliste, moraliste et déconnecté... En faisant lui même partie du problème, lors de ces miteux storytelling, dont il aurait dû questionner l'intérêt stylistique...
C'est lunaire!
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Prenons un exemple concret sur ma personne. Sur cette même critique, avec mes attaques personnelles, on pourrait passer à côté du fond. « Attali », « gauchiste », « petit patron »… J’ai été volontairement irrévérencieux, et le risque, c’est qu’on pourrait passer d’une critique argumentée à un pamphlet contre une classe sociale.
D’une part, j’en suis désolé, mais d’une autre, c’est un risque calculé, puisque je me permets d’exprimer un ras-le-bol. Comme il semble le faire en conclusion, avec son « ce livre n’est pas celui d’un coach, avec ses méthodes, ses trucs et techniques de formation », comme pour se dédouaner d’un éventuel énervement du lectorat.
Je ne suis que le miroir de se qu'il a envoyé... Si mon texte sonne trop fort, c'est peut être pour faire entendre le vide du sien. Oui Philippe, le sourire cache les injonctions positives les plus crasses et tu as beau te caché derrière un sur positivisme, tu en es indignes et tu l'as prouvé en très peu de ligne...
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Je vais le redire, mais en soit, l'idée est bonne et elle est même très bonne. J'ai envi d'y croire et je pense sincèrement que si on fait attention à notre manière de communiquer, surtout via des expressions qu'on répète beaucoup, on pourrait rendre le monde un poil meilleur.
Alors si j'avais à conclure, on pourrait dire qu'il n'y a que l'idée à sauver, car c'est sur le forme et le fond qu'il y a un problème avec ce livre.
Alors écoute...
Philippe... Entre tes deux ou trois notif’ te rappelant ton salaire à 5 chiffres, je t’invite à te contenter de posts LinkedIn. Car n'oublie pas que même pour BFM tu es remplaçable.
Les gens comme toi ont de quoi s’exprimer, mais personne pour les écouter et j'en viens même à avoir de la peine pour toi, à l'écriture de ces lignes.
Tu t’es imaginé leader charismatique pendant quelques instants à l’écriture de ce livre, j’espère au moins que tu as aimé ça.
1 à 2 heures d'écriture à te sentir légitime, c'est déjà pas mal.