Ron Kovic représente tout que je déteste dans l'armée. Un couillon pathétique, moyen partout, abreuvé de culture populaire sans une once de recul, qui se rêvait tout jeune devenir le John Wayne d'Iwo Jima qui sauverait la grande Amérique de la menace rouge, couteau entre les dents et bave aux lèvres. ça se veut le témoignage d'une âme innocente broyée par la toute puissante Amérique, alors que c'est simplement le témoignage d'un homme apeuré, qui va s'empresser de croire la moindre connerie qu'on lui raconte. Ron Kovic est devenu antimilitaire, pacifiste limite hippie, après avoir perdu la moitié de son corps. Bah inévitablement, ma première pensée, et qui ne m'a pas quitté de tout le livre, c'est qu'il fallait pas y aller. Il fallait pas non plus y retourner. A la fin on a droit à une lettre d'un haut gradé à ses parents, dans laquelle il leur explique qu'il est fier de leur fils. Il serait revenu indemne, il aurait eu une médaille, mais personne n'aurait dit à ses parents qu'on était fier d'eux pour avoir élevé un couillon dont le courage se résume à avoir tué accidentellement son supérieur, massacré un village innocent et non-armé rempli d'enfants et de vieillards, pour finalement être paralysé. Bravo, il a perdu la moitié de son corps, c'est un brave soldat. Un bon militaire serait un militaire mort pour son pays. Mais ils l'ont choisi, donc je ne vais pas les plaindre ni m'émouvoir de leur triste condition de tueurs d'enfants et de vieillards. Quand on ne sait rien faire d'autres que d'obéir aux ordres, faut pas venir se plaindre après que la vie c'est moche.
treizième note fait des choix étrange, et plus j'avance dans la maison plus je suis surpris et secoué, ce qui est tout à leur honneur. J'ai dévoré et adoré "Pas de saisons pour l'enfer" de Kent Anderson, à savoir le récit sans pitié d'un vétéran du Vietnam, qui, lui, a réussi. Il a réussi en devenant un salaud impitoyable, incroyablement humain. Un type qui n'a pas choisi la guerre pour la gloire, mais parce qu'il n'avait rien d'autre. le témoignage halluciné d'un asocial, qui explique froidement que la guerre est un truc fait pour les barjots. faut être complètement cramé à la base pour survivre là bas, faut arriver à détruire ce que l'humanité à mis des siècles à construire, à savoir la différence entre l'animal et l'humain. Kent Anderson en a fait les frais, et témoigne de l'hostilité des citoyens à son égard, son agressivité permanente, son envie d'en découdre au quotidien parce qu'on lui a appris à être sur ses gardes, et que tout être humain est une menace. En fait, la difficulté de revenir à une vie "normale" après avoir passé des années à tuer d'autres hommes. La même chose dans "First blood" de David Morrell, qu'on trouve chez Gallmeister, de façon plus survival, qui donnera Rambo le premier. Même dans le film de Stallone, quand il beugle que c'était pas sa guerre, il se dresse face aux bureaucrates qui l'ont envoyé faire une guerre qu'il n'avait pas envie de faire. Une guerre absurde contre des gens qui au fond ne lui avait pas fait grand chose. le manque de légitimité de cette guerre stupide, c'est ça le pathétique de Rambo. Pour Ron Kovic, l'absurdité, c'est qu'il ait perdu ses jambes, qu'on ne le respecte pas pour avoir tué des enfants. Ce passage pourrait d'ailleurs être poignant, s'il avait été placé au tout début, et s'il ne s'était pas comporté comme un connard sur les 150 pages précédentes. Et après l'avoir lu massacrer un jardin d'enfant, une garderie, c'est pas facile de s'émouvoir quand il se plaint de s'être pris une balle dans le talon. Ron Kovic a mal, il a souffert, et il geint. il geint tout le temps, il est estropié, il est déçu, il est amer, il en veut à son pays, il en veut aux hommes, mais il a tort. il n'y a qu'à lui qu'il peut en vouloir. Personne ne l'a obligé à s'engager, personne ne l'a obligé à partir et repartir là bas, et il savait ce qui l'attendait. Je ne le plaindrais pas, il n'a que ce qu'il mérite.
Cela dit, pour le coup, ça découragerait n'importe quel aspirant militaire, mais parce que personne ne souhaiterait être aussi abruti que l'auteur. Ca me fait penser à tous les gens qui critiquent avec de mauvais argument, tape à l'œil, mais qui desservent les critiques fondées. La guerre c'est moche, mais pas parce que Ron Kovic a perdu ses jambes et ne peux plus se taper des putes au Mexique, ça c'est pas une raison valable pour devenir anti militariste, et ça prouve seulement la faiblesse d'esprit d'une bonne partie des engagés volontaires.
D0kha
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le 23 nov. 2014

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