Au travers de brèves notes, Bresson accumule les idées de ce qu'est le cinéma et plus particulièrement ce qu'il veut pour son cinéma.

Si les notes sont courtes, comme on souligne la critique finement jouée de raymondkopa sur ce site, elles n'en sont pas pour autant inintéressantes.

- Me débarrasser des erreurs et faussetés accumulées. Connaitre mes moyens, m'assurer d'eux.

- La faculté de bien me servir de mes moyens diminue lorsque leur nombre augmente.

- trouver plus naturel qu'un geste soit fait, qu'une phrase soit dite comme ceci plutôt que comme cela est absurde, n'a pas de sens dans le cinématographe.

- Il faut qu'une image se transforme au contact d'autres images comme une couleur au contact d'autres couleurs.
Un bleu n'est pas le même bleu à côté d'un vert, d'un jaune, d'un rouge. Pas d'art sans transformation.

- Le vrai du cinéma ne peut pas être le vrai du théâtre, ni le vrai du roman, ni le vrai de la peinture. Le cinématographe attrape avec ses moyens propres ce que les autres formes attrapent avec leurs moyens.
Plus tard Bresson notera aussi : Ton public n'est ni le public des livres, ni celui des spectacles, ni des expo ou concerts. Tu n'as pas à satisfaire ces gouts précis.

- Un seul regard déclenche une passion, un assassinat, une guerre.

- Deux personnes qui se regardent dans les yeux ne voient pas leurs yeux mais leurs regards.
Ce qui semblerait expliquer pourquoi on ne retient jamais la couleur des yeux des gens, moi en tout cas.

- Un son ne doit jamais venir au secours d'une image, ni une image au secours d'un son. Ils doivent travailler chacun à leur tour, en relais. Quand l'oeil est nourri, l'oreille attend son tour et inversement. Il faut jouer sur ces impatiences.
Il y aussi deux tactiques à opposer la vitesse associée au bruit ainsi que la lenteur associée au silence.

- Changer à tout instant d'objectif photographique c'est comme changer à tout instant de lunettes.

- L'oeil est en général superficiel, l'oreille profonde et inventive. Le sifflement d'une locomotive imprime en nous la vision de toute une gare.

- Fais apparaitre ce que sans toi ne serait peut-être jamais vu.

- Quand tu ne sais pas ce que tu fais et que ce que tu fais est meilleur, c'est cela l'inspiration.

- Travelling et pano ne ressemblent pas aux mouvements de l'oeil. C'est séparer l'oeil du corps. Il faut éviter de se servir de la caméra come d'un balai.

Via une belle anecdote notée par Bresson que voici : Bresson marchait, un homme semblait regarder dans la direction de Robert Bresson, plus précisément derrière lui. Les yeux de l'homme s'illuminent d'un seul coup, il se met à courir vers sa femme et son enfant.
- Que la course suive l'effet et non l'accompagne ou le précède.

- L'avenir du cinématographe est à une race neuve de jeunes solitaires qui tourneront en y mettant leur dernier sous et sans se laisser avoir par les routines matérielles du métier.

- Moque toi d'une mauvaise réputation. Crains une bonne que tu ne pourrais pas soutenir.

- Les idées tirées de lectures seront toujours des idées de livres. Il faut aller aux personnes et aux objets directement.

Si je ne suis pas d'accord avec Bresson sur certains points, au niveau de la musique et de son utilisation notamment, ces brèves notes valent la peine d'être lues.
Aussi comme elles apparaissent d'un ordre chronologique on peut voir son style se définir et le comparer avec les sorties de ses films.


cinewater
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le 22 mai 2012

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Ciné Water

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