Françoise Giroud écrit de façon vive, et bien plus alerte que je ne le saurais. Il n'est donc pas totalement déplaisant, le soir venu, quand l'attention flotte, de se laisser porter par cet ego assumé, parfois finaud, souvent ironique, quelque fois fort touchant, pris au jeu du forget-me-not. C'est champagne, nappé d'un éthos bourgeois décoiffé qui prise une rébellion-mais-pas-trop, une rébellion de bon ton et de bon coeur, irait-elle contre le bon sens ; c'est encore anecdotique, autant que les clichés qui nous sont commentés, parfois traversé de miniatures de fulgurances sur des sujets plus, ou moins, frivoles, mais aussi d'évocations comme en passant de luttes qui furent féroces, et de ce que je crois une complaisance, qui souvent me laisse étonné, pour travestir peut-être cette vanité de façade de qui ne supporte pas l'âge ; c'est enfin, ce qu'en revanche je peux trouver précieux, d'une étrange, inquiète et vive assurance de soi, jusque dans les failles que l'on devine, les excuses esquissées et les palimpsestes de la pudeur. Tout cela dessin un personnage irritant et attachant, souvent drôle, que l'on devine intense et très incarné dans le concret des choses de son temps (*).


Mais au fond, ce livre testament, écrit à l'heure où l'on brûle d'anciennes photos, reste un divertissement dont j'oublierai, je crois, tout dans la semaine après la dernière page. Un autre y trouverait peut-être plus d'accroches. Je n'ai rien lu d'autre de son auteure. Peut-être y a-t-il sous sa plume des choses moins lestées du savoir d'une époque ? Il est possible que je n'y trouve pas goût pour ignorer tant les années évoquées que les trajets qu'elle y a tracés. Ses rêveries photographiques, du coup, ne m'ouvrent pas assez de ces espaces de tendresse ou de savoir qui sont ce que j'affectionne particulièrement dans un livre.




(*) Aujourd'hui, on dirait une surdouées, je pense - elle en a en tout cas bien des traits que l'on trouve dans la littérature dédiée. Mais ce mot ne veut pas dire grand chose, au fond, sinon pour qui a pu souffrir de la condition.

Kliban
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le 30 mars 2016

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