Il s'agit de mon premier contact "académique" avec la philosophie que j'ai eu durant la Première. Ça ne m'avait pas plus marqué que cela même si en tant qu'ado nihiliste je me retrouvais dans ses paroles sur la précarité de l'existence dont voici trois passages :
« Condition de l’homme.
Inconstance, ennui, inquiétude ».
Blaise Pascal, Pensées, Gallimard, Paris, 1977 [1670], p. 72, II. Vanité, fragment 22.
« Divertissement.
Les hommes n’ayant pu guérir la mort, la misère, l’ignorance, ils se sont
avisés, pour se rendre heureux, de n’y point penser. »
Blaise Pascal, Pensées, Gallimard, Paris, 1977 [1670], p. 72, VIII. Divertissement,
fragment 124. Au sens étymologique, le divertissement est un détournement.
« L’homme n’est qu’un sujet plein d’erreur naturelle, et ineffaçable sans la grâce. Rien ne lui montre la vérité. Tout l’abuse. Ces deux principes de vérité, la raison et les sens, outre qu’ils manquent chacun de sincérité, s’abusent réciproquement l’un l’autre… ».
Blaise Pascal, Pensées, Gallimard, Paris, 1977 [1670], p. 72, VIII. Divertissement,
fragment 124.
Il est impossible d'abordé l'oeuvre dans son ensemble car ce sont des fragments (posthumes qui plus est). Mais si il y a bien un Pascal que je retiendrai, c'est bien le Pascal qui pense la politique. Aspect méconnu de son oeuvre dans la culture populaire et pourtant ô combien fondamentale pour parler du souverain. Finalement, Pascal nous dit que c'est l'habit qui fait le moine, que « la force ne se tient que par l’imagination ». La force parvient à se sublimer en droit pour faire accepter sa légitimité. En effet, le souverain n'a pas toujours son couteau sous notre gorge, et pour s'établir il doit imposer ses valeurs. Et là nous voyons bien la continuité avec des auteurs plus contemporains tels que Pierre Bourdieu, Max Weber voire même Nietzsche. Le politique n'est qu'une puissance trompeuse, la légitimité c'est faire croire que l'on est juste. Tout cette réflexion est condensée dans ce magnifique texte :
« Justice, force. Il est juste que ce qui est juste soit suivi, il est nécessaire que ce qui est le plus fort soit suivi. La justice sans la force est impuissante: la force sans la justice est tyrannique. La justice sans force est contredite, parce qu'il y a toujours des méchants; la force sans la justice est accusée. Il faut donc mettre ensemble la justice et la force ; et pour cela faire que ce qui est juste soit fort, ou que ce qui est fort soit juste. La justice est sujette à dispute, la force est très reconnaissable et sans dispute. Ainsi on n'a pu donner la force à la justice, parce que la force a contredit la justice et a dit qu'elle était injuste, et a dit que c'était elle qui était juste. Et ainsi ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort, on a fait que ce qui est fort
fût juste »
Blaise PASCAL, Pensées, Editions Gallimard, Collection « Folio classique », Paris, 2004 (1977), Edition de Michel Le Guern, §194, p. 110
Il mériterait bien quatre heure de commentaire mais je ne suis pas là pour ça. Aussi je conseille évidemment de croiser cela avec Rousseau et De la Boétie.