Power
7.5
Power

livre de Michaël Mention ()

Au delà des mots, au delà des émotions, au delà de la force qu'il nous faut ...

Il y a certains livres que l'on choisit parce qu'ils collent à l'actualité et que l'on souhaite se faire sa propre opinion, comprendre comment tout ça a commencé, comment en est-on arrivé là, ne pas prendre ce que nous raconte les médias pour argent comptant, parce que justement il y a des sujets qui comptent.


Comment ne pas s'arrêter quelques secondes, quelques minutes ou même, dans mon cas, quelques heures sur le mouvement Black Lives Matter ? Comment ne pas se remémorer cette résonnance particulière en mai 2020, à la mort de Georges Floyd, Afro-américain mort asphyxié par un policier blanc à Minéapolis ? Comment démêler le faux du vrai sans comprendre ses origines, l'histoire de ce pays, l'histoire de ces gens qui ont créé un mouvement qui a fait échos dans l'espace et le temps ? Pourquoi ne pas revenir quelques années en arrière et s'intéresser au Black Power, aux Blacks Panthers ?


Le roman Power est comme ces vieilles coupures de presse que l'on touche délicatement pour ne pas les abimer plus qu'elles ne le sont déjà. Ca papier jauni, lisse, presque transparent, sentant l'odeur des vieux cartons rangés dans le grenier que personne n'a ouvert depuis tant d'année. Ou mieux encore, ce roman est comme un roman intime trouvé dans un vieux mur d'une maison que l'on retape, mais en fait il ne s'agirait pas d'un seul journal, mais de trois qu'un ancien propriétaire c'est forcé à réunir pour que celui qui va les découvrir, poussé par la curiosité qui fait l'Homme, va forcément ouvrir et lire son contenu. Ces trois journaux tenus par trois personnes qui ne se connaissent pas qui pourtant vont se croiser et se recroiser sans prendre conscience réellement de qui est l'autre. Chacun avec ses mensonges, ses regrets, ses angoisses, sa violence qui lui est propre, sa vulnérabilité, sa dépendance, son épée de Damocles, et son choix ou plutôt ses choix qu'il aura fait pour tout simplement vivre.


Comme vous l'aurez compris ce roman n'est pas seulement un arrêt sur image ou un récit quelconque sur le BPP : Black Panther Party, mais une immersion profonde dans cette époque si particulière de la fin des années 60 aux Etats-Unis. Roman collégial porté par trois personnages fictifs évoluant parmi des personnages qui ont réellement existés.


Alors, au début, pour ceux comme moi qui n'y connaissement rien, on est forcément un peu perdu, comme si on était dépassé par ce qui est décrit, par ce qui s'est passé, par la violence de cette guerre des rues, cette guerre opposant noirs contre blancs ou blancs contre noirs, mais avec aussi des noirs soutenant les blancs et des blancs soutenant des noirs. et aussi des noirs contre des noirs et des blancs contre des blancs. Pas de camps à choisir ou au contraire quelque soit le camp, nous sommes obligés d'en choisir un, le meilleur, on, le moins pire, surement. Car oui, la vie, l'Histoire n'est jamais blanche ou noire, la vie n'est pas rose n'ont plus, et on évolue au rythme des couleurs que chacun veut nous faire vivre.


Michaël Mention a su dépeindre avec beaucoup de réalisme cette histoire, Notre Histoire, même si moi j'habite à des milliers de kilomètres. Mais cette histoire qu'en est-elle, aujourd'hui, à l'heure de l'ultra médiatisation, et de l'ultra communication ? Peut-on faire comme si ce qui se passait de l'autre côté de l'Atlantique ne nous concernait pas ? Que jamais cela n'arriverait chez nous, que nos enfants ne connaitront jamais cette violence ? N'est-ce pas ce qu'on avait dit d'un petit virus Covidé apparu de l'autre côté de la Terre ? Je pense qu'il faut rester en alerte, se faire son opinion, comprendre : ce roman est fait pour ça. L'auteur loin de tenir une plume manichéenne, a voulu entrer dans le dur, complexifié l'histoire pour quelle en soit d'autant plus proche de la réalité. De permettre cette transposition à l'époque actuelle. Il a créé des psychologie de personnages en résonnance avec une époque que nous n'avons pas connue mais qui est pourtant si proche de nous.


C'est rare que je le dis, un récit magistral.


https://exulire.blogspot.com/2021/02/power-michael-mention.html

exuline
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le 9 mars 2021

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