Le Premier Livre des Chroniques rompt la continuité du récit chronologique des livres précédents pour se livrer à une sorte de résumé de l'histoire du Monde orientée vers le destin du peuple hébreu, avec une prise de parti en faveur de David (les faits peu glorieux de son règne sont gommés), et du sacerdoce lévitique. Autant dire que la fiabilité historique de ce livre est mitigée, et demande à être sévèrement confrontée à d'autres sources... quand elles existent !
La longueur et la monotonie des listes généalogiques nous renvoie à une mentalité où le nom et les liens du sang sont fondamentaux pour que l'individu ait un sens; au contraire, de nos jours, on tend à effacer la validité des liens du sang en leur substituant des liens affectifs (cas d'enfants adoptés), des contrats plus ou moins formalisés (cas d'enfants nés de mères porteuses), ou de pures décisions administratives (cas de l'attribution de nationalité). Par ailleurs, à l'époque des Chroniques, le nom, c'est l'individu; il est donc chargé de sens et lourd de conséquences pour le positionnement social de l'intéressé. Alors que de nos jours, les pseudonymes et les prénoms choisis dans toutes les cultures, par une sorte de vagabondage onomastique, font florès, et dénient par là même toute signification propre au Nom.
On voit donc à quel point la mentalité qui se révèle dans ce récit est différente de la nôtre. Iahvé intervient toujours dans les conflits des Hébreux, et provoque la peste chez eux grâce à l'action de l'Ange Exterminateur. Beau psaume de David à Iahvé.