Lorsque j'ai regardé la saison 2 d'American Horror Story (Asylum), j'ai adoré le côté gore et effrayant d'un asile psychiatrique au personnel vicieux, avec des 'traitements' ignobles d'un autre temps... Cependant en lisant Quatre ans dans l'enfer des fous, j'ai ressenti un certain malaise : ce que l'auteur décrit des hopitaux qu'il a fréquentés n'est guère différent de l'image que donne la série. Les murs de pierre glauques de la série sont remplacés par des murs blancs aseptisés mais les cellules sont toujours aussi exiguës, le personnel n'est plus composé de religieux sans pitié et fermés d'esprit mais d'infirmiers qui comblent leur ennui et leur amertume en se moquant des malades ou en les battant, l'homophobie n'a plus pour victime Lana mais 'Tante Jeanne' et le blondinet, on retrouve la mention d'un patient atteint de microcéphalie (comme Pepper)... Et finalement Jean Maurice Cervetto, dont le témoignage est ici recueilli, s'apparente à Kit Walker : un innocent enfermé qui se débat de toutes ses forces pour sortir de cet enfer.
Bref. La fiction est divertissante et nous donne un agréable frisson d'horreur mais quand on passe à la description du réel ce frisson persiste et devient écoeurant, parfois à la limite du soutenable.
On a envie d'aider ce jeune homme dont l'histoire est retracée dans un style simple et sans fioriture. L'auteur nous apostrophe, nous parle, comme à un journal intime et on veut sortir avec lui de cet enfer de neuroleptiques (la nouvelle camisole chimique), d'infirmiers cruels et de patients fous à lier.
D'un côté, j'aurais peut être préféré une écriture plus sobre, qui incluerait moins le lecteur et qui décrirait simplement la réalité sans ce côté que je trouve un peu trop romancé parfois, me poussant à mettre en doute la véracité de certains détails.. Mais de l'autre, j'apprécie ce choix : il ouvre la porte au ressenti et les dialogues rendent le texte moins lourd.
Même chose pour la fin : je l'ai trouvé un peu trop soudainement idyllique mais finalement le témoignage n'oublie pas ce qui s'est passé après la sortie de l'hôpital. On finit donc sur une note d'espoir mais pas sur le classique tout est bien qui finit bien, qui m'aurait gênée.
J'ai apprecié ce livre qui me laisse quand même un goût assez amer d'injustice et de dégoût pour les institutions, quelles qu'elles soient. Mais il ne faut pas oublier de remettre l'ouvrage dans son contexte, c'est à dire il y a une quarantaine d'année. Le monde des soins psychiatriques à changé et même si il n'est pas parfait, on est maintenant bien loin de ce que décrit Cervetto.

clmcb
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le 14 mai 2016

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Quatre ans dans l'enfer des fous
clmcb
7

un témoignage romancé plutôt dur

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