Début septembre 1973, Paul Theroux se lance seul en une pérégrination de 4 mois durant laquelle, passant de train en train, il va accomplir une boucle de près de 45000 kms.
Citons brièvement ses étapes : partant de Londres, il rejoint Paris où il prend l'Orient- Express direction la Suisse puis Milan, Venise, Belgrade et Istanbul. D'Istanbul, il rejoint Téhéran puis Meshed. Direction Lahore au Pakistan en empruntant la passe de Khaybar. Suit Simla au nord-ouest de l'Inde puis Bombay, Delhi et Rameswaram tout au sud. Il passe ensuite au Sri Lanka qu'il traverse de Mannar à Galle en passant par Colombo. Il repasse en Inde avec Madras puis Howrah et Calcutta. Il rejoint ensuite Mandalay en Birmanie, puis Maymyo et Lashio. Suit la Thaïlande avec Bangkok puis Nong Khai. Puis la Malaisie avec Kuala Lumpur. Etape suivante Singapour d’où il rejoint le Vietnam alors que les États-Unis sont en train de retirer leurs dernières troupes. Saigon puis Biên Hoa, Huê et Da Nang et Tháp Chàm. De Saigon, il rejoint Tokyo d’où il repart en train vers Aomori dans le nord de Honshu puis vers Sapporo. Il revient à Tokyo et gagne Kyoto puis Osaka et Yokohama où il prend un bateau russe jusqu’à Primorsk (à un jet de pierre de Vladivostok) où il prend le Transsibérien- Express et parcourt en plein hiver les 9285 kms qui permettent de rejoindre Moscou. Passant par Varsovie et Berlin il retrouve Londres pour le Nouvel an 1974.


Cet étrange voyage ressemble plus à un parcours du combattant qu’à une ballade touristique ; les rencontres, plus ou moins forcées, y sont brèves et rarement agréables. Malgré l’extraordinaire variété des paysages, le quotidien se résume le plus souvent à tenter de se nourrir, à trouver un endroit pour dormir au rythme lancinant du rail et à ingurgiter d’invraisemblables quantités d’alcool pour tenir le coup et vaincre l’ennui consécutif à ce curieux défi. Car si l’on ne peut s’empêcher d’être quelque peu admiratif devant la « performance », on ressent toutefois un assez profond sentiment de gâchis. Car cette « expérience du monde » véhicule surtout une intense frustration et laisse comme un gout amer ; hors cet ouvrage même, la finalité en apparaissant pour le moins douteuse. On notera que Theroux ne nous apporte aucun éclairage à ce sujet en dehors de cette peu convaincante citation en ce contexte : « Le voyage, c’est là le but. »

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le 2 déc. 2019

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