Richard Yates
6.4
Richard Yates

livre de Tao Lin ()

La génération y portraitisée au vitriol

Quand on débute la lecture de ce livre, on est tout d'abord interloqué et certainement un peu scandalisé. Le style, d'une simplicité déconcertante, ne saurait être plus minimal voire chirurgical. Il faut s'accrocher pour poursuivre cette histoire tant la lecture semble au préalable indigeste. Au fil des quelques pauses que l'on s'octroie pour s'oxygéner un peu l'esprit, on se surprend à vouloir y retourner, à être pressé de poursuivre. Au fur et à mesure, on apprivoise ce minimalisme et on sait gré à l'auteur de nous laisser à ce point supputer, imaginer, inventer les ellipses, les émotions, les questionnements. Ce roman dépeint avec brio l'absence d'émotions qui finit par nous atteindre tous à force d'être noyés sous un flot de films sensationnels, de violence gratuite, de porno, de séries criminelles. Les sensations fortes à force d'être surexposées finissent par être annihilées. Et Tao Lin de constater avec horreur les effets de la société de consommation sur ses deux protagonistes paumés, de vrais clichés d'une génération surmédiatisée (leurs pseudonymes empruntés à des enfants star tombés en désuétude ne sauraient être un effet du hasard): obsédés par leur corps, la nourriture diététique, leurs mail, sms, chat (où ils passent l'essentiel de leur relation à en oublier le plaisir de se regarder, se sentir, se toucher; la virtualité est leur réalité à eux), la consommation (les vols chez American Apparel et Walmart sont leur quotidien) et enfin les maladies psychologiques et la dépression dont ils rient de bon cœur pour oublier leur obnubilation. Le sarcasme et l'humour noir habitent avec bonheur tous les recoins de ce livre ovni qui finit par nous hypnotiser par ses répétitions et ses obnubilations débiles mais surtout sa clairvoyance vis-à-vis d'une génération désenchantée dont on vante la liberté et le divertissement mais qui manque simplement de repères et d'envie pour pouvoir en jouir et simplement aimer la vie.

Camiko
7
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le 24 juin 2015

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