Avertissement de rigueur : Âmes sensibles, s'abstenir absolument !


Roman noir, roman ultra-violent, roman cash, roman trash... et pourtant roman coup de coeur. Non pas que je sois particulièrement portée vers la violence, ce serait même tout le contraire, mais quand on croise le talent il faut savoir le reconnaître, même quand il s'exprime dans un domaine totalement opposé à ses propres repères.


Pour commencer, Ringo est un être qui n'aurait jamais dû naître, une anomalie de la nature. Déjà, il a deux sexes, un féminin et un masculin, ensuite il est né par erreur, sa mère, prostituée et alcoolique, l'a toujours traité moins bien que son chien, lui aussi dénommé Ringo, enfin, Ringo n'a ni passé, ni présent, ni futur. Ringo, personnage à la fois touchant et haïssable, c'est en quelque sorte une allégorie de notre si précieuse humanité sous ses rapports humains, animaux, instinctifs et prédateurs.


ALERTE SPOILER
Ringo est un tueur. Par le meurtre se déploie le large éventail de toutes ses frustrations et de ses besoins d'affection. Adolescent, il s'évade du mobil-home de Maman pour se lancer dans la vie avec la grâce d'une grenouille qui sauterait d'un nid. Tiens, en parlant de grenouille, il y a un peu de Patrick Süskind dans "Ringo", et aussi un peu de Virginie Despentes, ou encore de Boris Vian. "Ringo", c'est un peu le schéma fascinant de "J'irai cracher sur vos tombes" : violence, crime, sexe, pornographie, alcoolisme. Ajoutons drogue et mafia et le tableau est complet. Ringo va donc de fil en aiguille goûter de près à tous les vices de notre société.


Tout dérange dans "Ringo" mais l'écriture plutôt géniale de l'auteur nous enchaîne à cette étrange destinée qui n'en ai pas une. Une alchimie se crée entre cet anti-héros absolu et le lecteur, comme si ce dernier était ramené à s'étonner (ou pas) de la violence de notre monde car, au final, tous les crimes commis par Ringo peuvent bien faire froncer le sourcil, heurter les codes moraux ou donner la nausée, il n'en reste pas moins que tous ces crimes et tous ces vices existent bel et bien dans la réalité. Alors, qu'est-ce qui est la plus dérangeant entre la fiction dans laquelle nous plonge "Ringo" et le sentiment de cruel réalisme qui demeure quand on tourne la dernière page de ce roman coup-de-poing ?


A découvrir si vous aimez le genre noir.

Gwen21
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le 12 oct. 2017

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Gwen21

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