Être un prolo de 21 ans à Nottingham dans l’Angleterre de l’après-guerre offre peu de perspectives. Arthur le sait et, quelque part, il s’en fout. La semaine de boulot l’esquinte mais le week-end, la pinte le requinque. Arthur vit chez ses parents, dans une cité ouvrière construite autour de l’usine. Les cadences infernales et le bruit de l’atelier l’abrutissent mais sa paie suffit pour payer un petit loyer à sa mère et s’offrir deux soirées au pub. Le vendredi et le samedi, tout est permis. Boire trop bien sûr, faire le coup de poing si nécessaire et papillonner auprès de femmes peu farouches. Le dimanche est en général plus calme, il préfère rester seul et aller à la pêche.


Arthur fume énormément, il sirote du thé à longueur de journée et culbute la jolie Brenda dès que son mari a le dos tourné. Arthur vit au jour le jour, il ne pense pas à l’avenir et ne se voit pas faire de vieux os. Punk avant l’heure, sa conscience politique se résume au fantasme de faire sauter l’usine pour ne plus avoir à courber l’échine devant sa machine. Jeune, fougueux, rebelle sans véritable cause, Arthur traine dans les rues de Nottingham la rage au ventre, toujours prêt à s’embarquer dans des virées sans véritable but.


Alan Silitoe est connu en France pour sa nouvelle La solitude du coureur de fond mais Samedi soir, dimanche matin est son roman le plus célèbre en Grande-Bretagne. Une oeuvre culte, considérée comme le texte fondateur du mouvement des Angry Young Men qui a marqué la littérature britannique des années 50 et qui continue d’influencer nombre d’artistes du cinéma et de la musique (de Madness à Ken Loach en passant par les Arctic Monty, entre autres). Roman de la classe ouvrière par excellence, roman du désenchantement et de la désillusion qui porte un regard lucide sur l’impossible ascension sociale des oubliés du grand capitalisme, il reste d’une étonnante actualité à l’heure de la montée des populismes, du Brexit et des gilets jaunes.

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le 27 févr. 2020

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