J’ai connu une expérience nouvelle dernièrement, avec le roman « Shéhérazade : la dernière nuit », de Manuela Gonzaga. Soyons honnête, pendant les trois premiers chapitres, je n’ai pas compris de quoi on parlait. Les phrases étaient courtes, le vocabulaire simple, mais alors pour le fond, c’était pas gagné. Pendant trois chapitres, je suis restée totalement à côté de la plaque. C’était grave. Je ratais un truc, c’était évident. Au moins mon plaisir de lectrice, qui n’est jamais des moindres. Alors au lieu de bloquer sur la lecture, et la relecture, encore de ces trois premiers chapitres, je suis passée au quatrième. Et pourquoi, là, ça a marché ? Je ne sais pas. Peut-être qu’en désespoir de cause, prête à me noyer dans ma tasse de thé brûlant (qui accompagne toujours un bon bouquin), je me suis laissé approcher par le texte. Séduire. Un grand moment d’incompréhension et de solitude après coup. Mais pourquoi alors s’était-il si obstinément refusé à moi ? Mais dans l’ensemble, un grand moment de plaisir. Lire ce texte maintenant qu’on se possédait, c’était comme découvrir que j’avais des ailes, glisser sur une vague, plonger dans le vide. C’était fluide, c’était facile. C’était grand. Et surtout, c’était bon. Normalement, quand c’est trop facile, le bon ne prend pas. Mais avec tout ce que j’avais lutté, ce texte me devait bien ça ! Je me suis battue pour lui, et quelle récompense ! J’ai eu l’impression de découvrir un nouveau monde, d’apprendre une nouvelle langue. D’avoir les clés d’un univers inaccessible, si ce n’est par nos mots et nos sensations croisées. Je ne saurais pas exactement raconter cette histoire. J’étais un peu dans le coton, un peu sonnée en refermant le livre. J’ai pris un bon coup derrière les oreilles, et c’est certainement que j’en avais besoin. Expérience à vivre d’urgence !

Collibris
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le 8 mai 2016

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