L’œuvre d'Amber Garza m'a constamment donné envie de poursuivre la lecture. À chaque instant, je pensais tenir de bonnes hypothèses quant au déroulement de l'histoire. Mais non, l'auteur m'a mise en déroute à chaque fois. Cet aspect déroutant est notamment lié à ce protagoniste que l'on essaye de comprendre, de toucher, mais qui nous trouble par les actions d'un antagoniste, mais avec un passé et des pensées qui pourraient tout justifier. Avec cette écriture et le dialogue que Kelly veut avoir avec le lecteur, on se veut fréquemment plus proche d'elle, puis rapidement, mettre de la distance. L'auteur a été capable de nous rentrer dans un quotidien attendrissant. Tellement attendrissant, qu'il en est parfois devenu effroyable. Et c'est finalement ce possible effroi, ce "Et si..." dans les pensées de Kelly, qui donnent envie de continuer.
Si j'étais toi est l'introspection d'une femme ayant subi des épreuves difficiles et qui mène un combat pour rester à la surface. Tout comme le personnage, on se perd, des questions fusent sans arrêt et sur tout. On se sent investit lorsque Kelly nous interpelle, lorsqu'elle attend de nous que l'on comprenne ses choix, et c'est alors que le livre apparaît comme une question : Que ferais-je à sa place ? Ce roman contemporain comprend aussi de nombreux sujets qui font débat : la place de la femme en tant que mère, les rapports sexuels, le viol, l'alcoolisme, la violence conjugale, l'après du traumatisme, les formes de deuil, le meurtre, ...
C'est :
- un roman qui défait les codes traditionnels du héros
- une fiction qui est une invitation à débattre sur des sujets contemporains
- une écriture poétique au milieu de le tension, de la manipulation et de l'horreur