Un cours de courage par la petite fille aux allumettes

Le titre traite de langage mais ce n'est pas un roman sur le langage.
Dès les premières pages, on entend parler d'Alain et de son Propos sur le bonheur. Mais ce n'est pas un conte philosophique sur le bonheur.

Mais alors, qu'est-ce?

Un roman épistolaire, pour commencer.
Un genre qui se fait rare à l'heure des mails et des SMS. Un roman qui parvient à les mettre en scène sans mettre en avant leur nature, les confondant avec des lettres. Un roman qui donne envie d'écrire, d'écrire des lettres pour parler avec soi et avec les autres.

Une biographie, ensuite.
Une biographie qui fait vraiment penser à une autobiographie, mais l'est-elle? Car Emilie, le personnage écrivant, n'aime pas les autobiographies mais se propose un roman autobiographique épistolaire constitué des lettres envoyées à Aline, son destinataire. Elle parle même du plaisir que les gens qu'elle aura rencontrés auront à s' y retrouver. Emilie est-elle Caroline ou Caroline a-t-elle créé en son sein ce personnage d'Emilie si réel qu'il l'habite dans ces lignes?
L'histoire d'une petite fille malade qui a peur des hôpitaux, du froid et de la neige. De l'absence de chaleur humaine et du passé? D'une jeune femme nourrie d'espoir, en totale métamorphose, transformée par l'influence de la philosophie sur son existence. Un être qui décide d'envoyer le courage de mourir d'Hamlet aux oubliettes pour lui préférer le courage de vivre et de souffrir. Une élève devenue professeur qui se donne le devoir de transmettre ce que lui a transmis Monsieur G, son professeur, l'espoir, le bonheur de philosopher et le courage d'être.

Un éloge du courage, de la philosophie et du dur et déconsidéré métier d'enseignant. Une exhortation au combat existentiel, à la lutte contre la maladie, contre la peur, contre les terroristes et destructeurs en général, ces êtres "qui n'ont jamais su être heureux et qui ne supportent pas ceux qui essaient de l'être".

Une parole qui se croit de plomb, de bronze et de terre mais qui redonne espoir à ceux et celles qui vivent des heures noires.
Un cri plaintif et heureux à la fois, passant de la peur à la mélancolie, de la joie à l'espoir, qui semble dire: ne reste pas là, atterré dans la neige, mais lève-toi et bats-toi, trouve-toi un but !