Que l’on ne s’y trompe pas ce roman n’est surement pas écrit comme le furent certains récits d’aventures chrétiennes, à des fins d’édification. Non, il s’agirait plutôt d’une quête mystique d’une vaste réflexion autour du Silence de Dieu ou de l’universalisme supposé de certaines croyances.
Alors que de nombreuses pratiques religieuses ne cherchent pas à s’imposer, d’autres ont gardé leur esprit conquérant des origines. Et, par la parole ou l’épée se sont ainsi répandus christianisme et Islam, précédant ou le plus souvent suivant des conquêtes militaires. Au gré des fluctuations politiques, ces religions furent acceptées ou violemment rejetées.
Ce livre nous retrace ce que furent les persécutions subies par les missionnaires chrétiens au Japon. Mais en Europe même, ces mêmes chrétiens persécutèrent eux des cathares, des juifs ou des musulmans… L’inquisition inventée par les dominicains tortura de nombreux « hérétiques », de pseudos sorcières et les fit périr par le feu au nom d’un Dieu d’amour qui avait eu pour commandement justement de ne pas tuer !
La croyance en une religion quelconque ne peut en aucun cas justifier la mort d’un homme mais l’aliénation mentale des hommes ne le sait toujours pas.
Il est probable que le christianisme ne se serait jamais implanté en occident sans une volonté politique et que la force de ses martyrs n’y aurait rien changé. C’est cela que tente de comprendre le roman de Shūsaku Endō à l’échelle du Japon et au travers des tourments d’un prêtre pour qui la sainteté de la vie va finalement s’imposer devant la projection idéalisée d’un Dieu éternellement silencieux.
Ce roman prenant, pour qui s’interroge sur tout cela, a la force d’un Graham Green dans « La puissance et la Gloire » et marquera son lecteur.