Non, vous n'arriverez pas à me faire aimer Houellebecq. Ni avec vos théories littéraires empruntées à Youtube, ni parce que c'est cool de lire Houellebecq et qu'on ne parle que de ses livres partout.
Alors évidemment qu'il ne faut pas confondre l'auteur et le narrateur, oui Houellebecq s'amuse bien à jouer sur cette confusion, inutile d'enfoncer des portes ouvertes. N'empêche que quand toutes les œuvres d'un auteur tiennent plus ou moins le même discours, il y a de quoi se poser des questions. Cette obsession pour l'"islam politique" dans Soumission met mal à l'aise, et d'autant plus qu'elle engendre une situation politique tout à fait improbable. Certes, il s'agit d'une œuvre de fiction, n'empêche qu'y évoluent des personnages incarnant des hommes et femmes du paysage politique actuel (Le Pen, Mélenchon, et beaucoup d'autres que j'oublie), ce qui ancre le récit dans un temps qui nous est contemporain et donc nous autorise à exiger un minimum de réalisme ...
L'univers houellebecquien est très manichéen : d'un côté les méchants Musulmans un poil radicaux qui bouleversent la société français du jour au lendemain, licenciant toutes les femmes et les professeurs non musulmans de l'université, obligeant les femmes à sortir couvertes de la tête au pied en plein été. De l'autre côté, la jolie étudiante juive, sans doute le seul personnage positif de l'œuvre, forcée de s'exiler en Israël, et renonçant ainsi à ses études et à ses amours.
On a comparé Houellebecq à Zola, et c'est une aberration. Zola était révolutionnaire parce qu'il dépeignait la misère de façon triviale, risquant la censure dans un siècle où il était mieux vu de pleurnicher si ses amours passées en contemplant un lac ... Houellebecq est juste vulgaire, dans un monde où la vulgarité n'a plus rien de "moderne", et encore moins de la part d'un homme blanc.