Nouveauté 2022, "Soutif" est un petit roman d'à peine 100 pages sur le thème des brassières/soutient-gorge/soutif, mais aussi sur une amitié improbable et naviguant sur certains stéréotypes de genre. Si certains éléments m'ont fait sourire, d'autres m'ont laissé perplexe.


Pauline a 13 ans et ses seins commence à pousser, ce qui n'est pas pour lui plaire. En voulant acheter des soutient-gorges, elle fini plutôt par en voler cinq. Son grand frère Pierre réussit à négocier une "réduction de peine" avec le gardien de sécurité, qui propose à Pauline d'aider sa nièce Pénélope, qui a des difficultés scolaires. Mais au final, c'est une amitié qui est en train de se bâtir entre les deux adolescentes. Pauline lui fait découvrir des passions et Pénélope l'aide à trouver enfin un soutient-gorge confortable.


Il y a quelques éléments qui m'auront plu dans ce roman, à commencer par le projet scolaire de Pauline, qui nous fait un rapide survole historique de l'évolution des soutient-gorges. Aussi, ça m'aura fait sourire quand Pauline évoque le fait que les bals de fin d'années est un cliché typiquement états-unien sorti des séries ( quoique ce fameux bal de fin d'année est bien réel) et qu'il serait temps de cesser de copier tout ce que font les état-uniens au profit d'idées plus françaises. Je suis bien d'accord, les USA ne sont pas le nombril du monde, mais ils agissent souvent comme tel, encourager par le fait que les autres pays calquent leur culture ( beaucoup trop). En outre, j'ai apprécié cette amitié naissante basée sur le partage.


Dans les éléments qui m'ont moins plu ou qui m'ont semblé ambigus, il y a le fait que nos ados se retrouvent à boire de la bière dans un bar ( 18-19 ans pour consommer dans un bar au Canada), le fait que Pénéloppe ait affirmer que la taille 85 C est parfaite ( pas génial de hisser un seul type de poitrine au sommet de toutes les autres, on a du mal déjà à faire accepter leur corps aux ados filles) et la présence de stéréotypes. Pénéloppe est le stéréotype de l'ado rebelle: cheveux colorés, fumeuse, tatouée, traite avec des plus vieux, boit de l'alcool ( à 13 ans), porte des vêtements aguicheurs et est en train de se planter dans ses études. Pauline est la jeune fille studieuse à l'école, physiquement plaisante, qui a une famille et un style vestimentaire et capillaire "standard". C'est très cliché. Même l'amitié entre les deux l'est. Et évidemment, qui dit "bal dansant" dit "premier baiser", un peu décevant quand on entend la protagoniste affirmer qu'elle ira seule au bal ( ou avec son frère). Pour une fois qu'on avait une fille indépendante. Enfin, je n'ai vraiment pas saisi les raisons de Pauline de voler ses brassières, ni cet "état second" dans lequel elle semblait plongé au moment du méfait.


C'est une histoire somme toute légère, qui se veut comique ( mais d'un humour assez plat, pour mes goûts personnels) et où tout fini bien dans le meilleur des mondes. Même la mère de Pénéloppe, qui a eu une vie difficile, fini par trouver du travail, après avoir parler deux minutes avec Pauline . Quelle prise de conscience miraculeuse! ( Notez le sarcasme) Et Pénélope, comme par hasard, se découvre deux talents que possèdent également Pauline et son amie Justine. L'intervenante en moi trouve tout ça utopique et peu crédible, mais bon, c'est le genre de roman qui se veut léger.


Les dessins sont jolis, mais je trouve qu'on a encore ce genre de modèle féminin ultra mince, limite maigre en avant plan, avec Pauline et Pénéloppe. Les mains sont bien faites, ceci-dit, et les personnages ont des têtes mignonnes.


C'est donc un roman qui place une jeune fille qui a du mal avec l'éclosion de ses seins, qu'elle traite d'encombrants, et qui aura eu du mal avec les soutient-gorge. Je trouve un peu étonnant que la mère n'ait pas aiguillé sa fille plus que ça. Mais à mi-chemin du roman, on bascule du thème des brassières à celui de l'amitié. Ça ne m'a pas renversée, ni particulièrement interpellée. C'est mignon, mais basique. Peut-être m'attendais-je à plus d'introspection sur l'enjeu féminin, à la manière du roman "Le poids de la couleur rose", mais ça reste très de surface. Ce n'est pas mauvais, mais pas remarquable.


Pour un lectorat du troisième cycle primaire, 10-12 ans.

Shaynning

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