Je suis partagé sur ce roman de James Luceno consacré au maître de Darth Sidious/Palpatine: Darth Plagueis. Son point fort est qu'il fait le pont entre de nombreuses œuvres de l'univers Star Wars, mais c'est aussi son point faible. On est pas loin de tomber dans un genre de "continuity porn" dans la partie finale, alors que les événements se chevauchent avec The Phantom Menace et plusieurs romans qui se déroulent à la même période, ce qui donne la sensation désagréable de suivre une histoire décousue.
Le roman est étonnement centré sur la politique, quasiment dénué d'action tout au long des presque 600 pages, et on sent que l'auteur prend un gros plaisir à tisser cette toile de complots et de machinations s’étalant sur plusieurs décennies. Si l'aspect bureaucratique de la prélogie vous rebute, passez votre chemin. Le ton global est froid et détaché, à l'image de la personnalité du Seigneur Sith dont il est question. J'ai beaucoup apprécié le fait d'assister à la solidification d'un univers vaste et cohérent, où tout s'imbrique globalement de manière très satisfaisante malgré quelques bricolages et rafistolages poussifs. James Luceno arrive même à utiliser les fameux midi-chloriens tant décriés de manière réellement brillante.
Un des risques de l'entreprise était de démystifier Palpatine en levant le voile sur ses origines, et si Luceno évite les grosses fautes de goût il reste finalement le cul entre deux chaises, dévoilant juste assez pour démystifier mais pas assez pour justifier cette démystification, par peur de trop humaniser le futur Empereur. Au final le roman échoue sur ce point, car rien de ce qu'on apprend sur le personnage est suffisamment intéressant pour justifier cette mise en lumière.
Destinée exclusivement aux gros fans de la saga, Darth Plagueis est une œuvre inégale mais intéressante. Si tout ce qui concerne la jeunesse de Palpatine peine à convaincre totalement, le traitement du personnage de Darth Plagueis est définitivement une réussite.