Je ne suis pas un habitué de l'univers étendu, mais c'est sans déplaisir que j'ai lu cette prequel de la trilogie une. Luceno ajointe avec élégance les fils moins d'une intrigue que de deux vies (Darth-Sidious/Palpatine et Darth Plagueis son maître) à la narration de The Phantom Menace, avec la fin duquel coïncide la fin du roman.

Comme souvent pour ce qui concerne l'univers étendu en régime "Dark Side", le mariage de la fantasy et de la politique fonctionne à plein. On pourrait même n'être jamais dans un univers de science-fiction, tant priment les intrigues économico-politiques et les recherches quasi-kabbalistiques de grands mages noirs attachés - Darth Plagueis, dans sa recherche du maintien et de la création de la vie au travers de la manipulation via la force des mdichloriens n'est certes pas sans me rappeler, mutatis mutandis, leurs caractères diffèrant profondément, le Raistlin de la seconde trilogie de Dragonlance (Weiss, Hickman). Mais il est vrai que le space op n'utilise souvent le vocabulaire de la science-fiction que comme grammaire d'un exotisme où placer des intrigues qui auraient très bien pu s'en passer (il y a de notables exceptions, chez Peter F. Hamilton, par exemple).

L'intérêt ici est plutôt pour Luceno de montrer en action l'éthique Sith du Côté Obscur : le système de croyance, en image miroir de celui des jedi, la perception de la force comme d'un organon du destin, l'idée d'un équilibre à y apporter - dont la définition diffère de part et d'autre, bien sûr, etc.(*) On parcourt les décennies avec intérêt à mesure que s'approfondit et se complexifie la relation du maître et de son apprenti. Le style, pour le genre parfois subtil, met l'accent sur la formation des personnages (characterization) sans se montrer outre-didactique. Certaines vignettes bien choisies autorisent la révélation de tel trait de caractère, la remontée de tel souvenir. Procédés classiques mais efficacement utilisés.

Bref, je m'attendais à pire - ayant lu une ou deux des forts médiocres productions suscitées par l'univers SW Au final, ça n'est pas de la grande science-fiction (ni même, à mon sens de la science-fiction du tout), mais, pour l'amateur que j'en suis, un éclairage intéressant de l'oeuvre de Lucas.


(*) Le rapport entre Jedi et Sith n'est à ce titre pas sans rappeler celui entre Deva et Asura dans la mythologie hindoue : chacun recherche la suprématie, chacun se fait une idée, incompatible avec celle de l'autre, de ce qui est juste, chacun est traversé d'un orgueil dont on attend d'une divinité qu'elle vienne rétablir la balance. Ce qui permettrait d'interpréter le couple Darth Vador/Luke comme un avatar (ce qu'est quasi explicitement le premier) en charge de rétablir l'équilibre en décimant les Jedi et en annihilant les prétentions du côté obscur. Toutes choses que le Plagueis de Luceno, s'il est fort loin de ce types d'analyse, éclaire à mon sens. Et c'est, je crois, sa qualité que de ne pas dénaturer le mythe
Kliban
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le 8 mai 2013

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