Surface
7.6
Surface

livre de Olivier Norek (2019)

Après seulement quelques petites années, notre auteur national de polars a désormais atteint le haut de l’étagère et son éditeur assure le marketing.


Après le Code 93 qui nous avait bien plu et d’autres qu’on n’a pas (encore) lus, on retrouve ici l’ancien flic Olivier Norek avec Surface.


Ça commence vite et fort. De son écriture toujours sèche et claquante, Norek prend ici un malin plaisir à esquinter sa jolie fliquette : page 2, la descente chez un dealer parisien tourne mal, et Noémie Chastain se prend un coup de flingue en pleine tronche. Elle rejoint les rangs des gueules cassées.



[...] Je me suis pris une décharge de fusil de chasse en pleine gueule. J’ai passé un mois au garage.



Défigurée, rafistolée, blessée en surface comme en-dedans, l’ex-jolie fille est prise en charge par les mêmes psychiatres qui s’occupent de nos soldats de retour du Moyen-Orient.


Les collègues et la hiérarchie du 36 voit d’un mauvais œil (oops ...) le retour de son portrait Picasso qui rappelle à tout le monde les dangers du métier : Noémie se retrouve donc parachutée dans une province reculée (la région natale de l’auteur).



[...] Pardon, mais on vous envoie où déjà ?

– Decazeville, dans l’Aveyron.
– L’Aveyron ? Ah oui. Quand même.



Furax, bouillonnante, la fliquette vit mal son exil. La parisienne hyper speedée vient déranger la tranquillité de ses nouveaux collègues et des eaux du lac.


Même si le style est différent, on pense parfois (notabilité pas toujours respectable et racisme pas toujours ordinaire) au Priam Monet de Laurent Guillaume : peut-être la naissance d’un nouveau genre littéraire, un province-writing qui serait à l’hexagone ce que le nature-writing est aux électeurs de Trump.


Mais les eaux du lac de barrage à l’apparence tranquille cachent des secrets qui ne vont pas tarder à remonter à la surface : des cadavres d’enfants dans des fûts (Norek n’y va jamais avec le dos de la main morte).


Le visage abîmé et l’âme cassée, Noémie Chastain va remuer la surface tranquille du petit village, tout chambouler et tout remuer, les eaux du lac comme la terre du cimetière.



[...] Les disparus d’Avalone ont été la toute première enquête sérieuse de ma carrière, dit-il songeur. Et ils seront la dernière. Vous avez été une vraie bombe à fragmentation, capitaine.



Encore un polar agréable à lire, bien prenant, très pro, à rajouter au compteur du lieutenant Norek.

BMR
8
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le 21 août 2019

Critique lue 304 fois

BMR

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