The Argonauts
7.6
The Argonauts

livre de Maggie Nelson (2015)

A writer is someone who plays with the body of his mother.


Cette citation, empruntée à Roland Barthes, revient plusieurs fois dans ce mémoire-essai, où il est question de famille, d'identité queer, de bonheur, d'enfantement, du corps (celui de la mère de l'auteure, celui de l'auteure qui est aussi mère, celui du compagnon de l'auteur) mais aussi de la vie intellectuelle et universitaire américaine, d'art où l'on se grave à même la peau, d'écriture, et de langage. C'est aussi une déclaration d'amour à Harry Dodge, le compagnon genderfluid, de Maggie Nelson, qui l'autorise à réaliser son portrait et dont la voix survient, à son tour autorisée, à la toute fin du livre.


Le titre, The Argonauts, dissimule aussi un autre hommage à Barthes, un passage de Roland Barthes par Roland Barthes "dans lequel Barthes décrit comment le sujet qui prononce l'expression "je t'aime" est comme "l'Argonaute renouvelant son vaisseau pendant la traversée sans en changer le nom.""


Qualifiée d'oeuvre d'autothéorie, The Argonauts foisonne en effet de citations où l'auteure affute son langage pour faire le portrait du foyer qu'elle construit avec Dodge, le fils de ce dernier et leur enfant, né par insémination artificielle. On y croise Barthes, Deleuze, Sedgwick, Butler, Ginsberg, que l'auteure convoque pour construire un récit qui est à la fois une décomposition et une recomposition - de l'intimité, de la famille, de la maternité, de la figure de la mère - en un questionnement poétique et salutaire.


C'est du moins ce que j'en tire, à la première lecture, et n'ayant pas même feuilleté un dixième des myriades d'ouvrages cités par l'auteure. C'est peut-être un aspect quelque peu intimidant du livre, qui ne parlera sans doute pas à tous les lecteurs. Pourtant, après avoir refermé The Argonauts, j'ai immédiatement envie d'en faire cadeau - à une amie, à ma mère, à un frère ou à une soeur, lecteur ou lectrice avec qui je pourrais en partager l'expérience et prolonger un moment la conversation dont Maggie Nelson nous propose d'être à la fois témoins et partie prenante.

Maftaline
8
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le 9 déc. 2016

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