Je ne suis pas amatrice de thrillers, mais le résumé de celui-ci m'avait tentée en raison de son intrigue psychologique.

En dépit du fait que ce livre soit plutôt bien ficelé et qu'il parvienne à tenir le lecteur en haleine au moyen d'un suspense durable et de nombreux rebondissements, ce n'est pas Sebastian Fitzek qui fera de moi une adepte des thrillers psychologiques...

Ce que j'ai avant tout à reprocher à "Thérapie" tient dans le style de l'écrivain(/du traducteur)...
Je lui ai trouvé, surtout dans les premiers chapitres, une fâcheuse tendance à vouloir en faire trop.

Sebastian Fitzek prend en effet grand plaisir à mettre en italique certains passages, pas seulement pour signifier que Larenz pense mais pour mettre en évidence les curiosités de l'intrigue au cas où le lecteur n'aurait pas pointé lui-même la présence de troublantes anomalies...

« Viktor cligna des yeux et lorsqu'il vit de nouveau clair, il lut dans le regard d'Anna quelque chose qu'il ne put s'expliquer. Puis une certitude s'imposa à lui : il la connaissait. » (p. 74)

Aussi, j'ai déploré l'emploi de phrases très dispensables qui ont probablement pour but de renforcer le suspense, mais qui donnent de nouveau une impression de roulement de tambour : effet qui n'a pas manqué de faire bruyamment soupirer la lectrice que je suis :

« Quatre jours devaient encore s'écouler avant qu'il apprît la vérité. À un moment où, malheureusement, il serait déjà trop tard pour lui. »

Heureusement, l'auteur espace l'utilisation de ce procédé à mesure que le récit progresse...

Ce qui ne l'empêche pas de m'avoir ennuyée à coups d'autres maladresses.
J'ai noté ce passage que j'ai trouvé bancal et grotesque...

« - Ce qui est sûr, c'est qu'il y avait une église orthodoxe sur une butte au milieu de la forêt. Ensuite, nous avons passé un pont et, après avoir suivi la route pendant un moment, nous avons pris un chemin qui pénétrait dans la forêt.
- Mais c'est...
- A peu près un kilomètre plus loin, nous nous sommes arrêtées dans une petite clairière où j'ai garé la voiture.
- Mais c'est impossible... » (p. 90)

Est-ce parce que les phrases bateau de type « Mais c'est impossible » (en italique, de surcroît) devraient être proscrites de tout roman? Toujours est-il que cet extrait par excellence est l'un des premiers du livre qui m'ait fait véritablement frissonner (to thrill), ... sans doute pas, hélas, pour les « bonnes » raisons...

Enfin (après j'arrête de faire la mauvaise !), l'auteur emploie à plusieurs endroits cette phrase à l'identique ou à peu de choses près, ce qui se révèle devenir rapidement insupportable :

« Il avait espéré trouver enfin des réponses mais tout semblait devenir de plus en plus confus. » (p. 251)

C'est sans compter ce genre de passage, qui n'a rien fait de mieux que m'évoquer le sketch de Jean-Marie Bigard où il déclare « je ne vais plus voir les films d'horreur au cinéma, on nous prend trop pour des cons. »
J'ai en l'occurrence l'impression d'être prise pour une conne quand je lis...

« Sans prêter attention aux pas qui résonnaient derrière lui, Viktor tourna la page et poursuivit sa lecture [...]. » (p. 251)

[J'en ai à présent fini de rouspéter à qui mieux mieux ! J'en viens donc aux éléments qui fonctionnent...]

Malgré tout, je ne nie pas que le style de Fitzek demeure globalement efficace. J'ai beau avoir soupiré et grommelé par endroits, l'histoire a suscité mon intérêt et j'ai achevé ce roman en apnée, désireuse, comme de nombreux autres lecteurs, d'apprendre le fin mot de l'histoire.

J'ai apprécié l'ambiance cauchemardesque du livre, parfaitement rendue, où l'on découvre un Viktor Larenz s'épuiser trop rapidement dans un décor venteux, glacé et spectaculaire qui évoque celui de "Shutter Island".

Une lecture plaisante et bien pensée malgré quelques trébuchements.
Reka
6
Écrit par

Créée

le 27 août 2011

Critique lue 572 fois

Reka

Écrit par

Critique lue 572 fois

D'autres avis sur Thérapie

Thérapie
pierredrevbauduin
10

Critique de Thérapie par pierredrevbauduin

C'est par hasard que j'ai découvert ce roman. Je faisais un tour au Club & je regardais un peu les thrillers qu'ils proposaient. Il avait celui-là. La couverture était plutôt sympa, la 4ème de...

le 26 mai 2012

3 j'aime

1

Thérapie
Pravda
3

T'es raté

Disons que lorsque la 4ème de couv' me vend un suspense haletant et que je devine au tiers du roman tout le pourquoi du comment... Et bien vous m'en voyez un peu chafouine. Et n'allez pas croire que...

le 20 nov. 2016

2 j'aime

Thérapie
Dannoral
5

Critique de Thérapie par Dannoral

Un style raté. Le genre feuilletonnant imposant des chapitres courts sur le principe du "mais je ne savais pas encore que le pire était à venir", toutes les 2 pages, c'est lourd. Les stéréotypes du...

le 15 août 2012

2 j'aime

1

Du même critique

La Délicatesse
Reka
2

Critique de La Délicatesse par Reka

Précepte premier : ne pas lire la quatrième de couverture(*) de ce fichu bouquin. (*) « François pensa : si elle commande un déca, je me lève et je m'en vais. C'est la boisson la moins conviviale...

Par

le 19 mars 2011

28 j'aime

3

Il faut qu'on parle de Kévin
Reka
9

Critique de Il faut qu'on parle de Kévin par Reka

Eva Khatchadourian entreprend d'écrire à son ex-mari, Franklin, pour réévoquer le cas de leur fils, Kevin. A seize ans, celui-ci a écopé de sept années de prison ferme en assassinant et blessant...

Par

le 7 janv. 2011

24 j'aime

2

Le Chœur des femmes
Reka
6

Critique de Le Chœur des femmes par Reka

Le tempérament contestataire et farouche de Jean Atwood m'a particulièrement amusée et a par conséquent contribué à une immersion rapide et facile au sein de l'ouvrage. Le roman de Martin Winckler...

Par

le 29 mai 2012

20 j'aime