Timika
Timika

livre de Nicolas Rouillé (2018)

Il n'a pas fait beaucoup parler de lui ce bouquin mais il est pourtant très bon. On part en Papouasie Occidentale, une région sous le contrôle de l'Indonésie. Une région où vive les Papous, qui sont considérés comme des sous-citoyens par les Indonésiens. Ajoutez une gigantesque mine d'or en pleine montagne et le tableau commence à se dessiner : des richesses approprié par une minorité au pouvoir, de la corruption partout, les indigènes qui vivent des miettes de tout ça dans la misère et entraîne évidemment des conflits plus ou moins violents réprimés par l'armée omniprésente.


L'auteur, français, à effectué plusieurs voyages dans cette région et cette mine d'or existe vraiment, comme le reste. L'histoire du roman est inventée mais est basée sur des faits réels, on dénombre de 150 000 à 400 000 morts depuis l'installation de la mine dans les années 60, le conflit est toujours en cours.


C'est donc le récit de plusieurs personnages aux origines, cultures et parcours différents. On a un indonésien pauvre qui débarque pour tenter de faire fortune, un lieutenant de l'armée indonésienne, des jeunes papous tentés par la lutte armée, des vieux papous qui luttent pour la paix, des occidentaux prix entre deux feux, un tenancier de cabaret mafieux. C'est le schéma colonial classique avec les occupants qui exploitent à leur profit les ressources sous couvert d'apporter la civilisation et les locaux qui voient leur culture disparaître, leur environnement détruit sans voir la couleur du reste autrement que par la fenêtre des grands hôtels.
Cependant j'ai apprécié l'approche, il y a pas de grand méchant dans ce roman, que des êtres qui essayent de faire vivre leur famille, de s'enrichir avant de rentrer au pays, tout n'est pas rose évidemment et certains profitent de la situation mais la corruption, la mine, tous ces points noirs sont représentés de façon global, comme une grosse machine obscure dont les personnages de l'histoire ne sont que des rouages qui pris individuellement ont peu d'impacts mais qui contribuent tous, à leur petite échelle, à perpétuer le cycle de la violence.


À noter un travail d'édition salopé, il manque des mots, il y a des phrases qui ne veulent rien dire, on dirait un brouillon. Bravo le travail de relecture. À part ce défaut sur la forme, je n'ai pas vraiment de reproche à faire, c'est bien écrit, réaliste, varié, documenté, les fossés entre les cultures est parfaitement représenté, les nombreux personnages ont tous leurs caractères, histoire et personnalités. Ce n'est pas un voyage très heureux en Papouasie mais on n'a pas souvent l'occasion d'en entendre parler, je remercie l'auteur de s'y être attardé et je suivrai ses éventuelles prochaines écritures avec attention.

Groomy
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le 24 août 2021

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Groomy

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