Quand Grey débarque à Tokyo sans attaches, argent ni bagages, elle a beaucoup à prouver et encore plus à cacher. Sa rencontre avec Jason, pour lequel elle éprouve une fascination immédiate, est déterminante : il lui trouve un toit, une maison délabrée vouée à la démolition, et un emploi dans un club à hôtesses très privé. Ses clients ? Des yakuzas et un étrange infirme accompagné d'une nurse à la silhouette monstrueuse... Mœurs inavouables, violence, écrasant secret... Ce nouvel univers est pourtant familier à Grey. Le but de son voyage ? Retrouver un mystérieux film à l'existence contestée datant de l'invasion de la Chine par les Japonais. Un seul homme pourrait l'aider. Un survivant du massacre qui refuse de répondre à ses questions...
C'est la promesse d'une héroïne qui se débat contre la mémoire collective, peut être aussi contre la sienne qui m'a convaincu de me plonger dans ce roman.
Le résultat est en demi teinte. Certes, Mo Hayder a cette écriture de polar extrêmement contemporaine, diaboliquement efficace, qui embarque dès les premières lignes. C'est presque trop facile et on en vient alors à se laisser griser par la fluidité du style de l'auteur. Les longueurs du roman paraissent alors plus longues, le manque de charisme de certains personnages crispe, tandis que ceux qu'on a doté d'une personnalité intrigante au départ en deviennent caricaturaux.
L'intrigue quant à elle est relativement bien ficelée. L'histoire à deux voix qui nous content deux époques s'articulent et rythment le roman adroitement.
Certains apprécieront la culture japonaise telle qu'elle nous est servie par Mo Hayder : éloignée des clichés.
On conseillera ainsi de réserver ce "Tokyo" pour la plage, il y remplira son office à merveille.