La Bible du rétablissement

A première vue, ce livre de presque 900 pages et ses 2 kilos sur la balance a tout pour effrayer les curieux qui souhaiteraient le découvrir. Que cache donc cette couverture au design minimaliste et au titre un peu ronflant ?

Le Traité de réhabilitation psychosociale n'est ni plus ni moins que la somme d'informations la plus complète en langue française sur le sujet. Plus de 150 auteurs, dont certains célèbres dans le milieu (le chapitre 1 du livre est rédigé par le Dr Patrick Deegan elle-même) ont contribué aux 84 chapitres de cet ouvrage qui balaie son sujet de la plus large des façons.

Cependant, il est permis de se demander quel lectorat y trouvera son compte. Les professionnels de la santé mentale qui sont la cible du Traité opteront pour un emprunt à la bibliothèque de leur hôpital. Quant aux personnes concernées, la taille et le prix de l'ouvrage pourra constituer un obstacle à sa diffusion.

Par ailleurs, la lecture de l'ouvrage n'est pas aidée par l'absence de vision unificatrice. Les redites sont nombreuses ce qui finit par être lassant quand on lit un livre aussi long. Ces répétitions ne sont pas exemptes de petites contradictions qui peuvent flouer la compréhension des concepts. Ce désir d'exhaustivité conduit à décrire des interventions dans les moindres détails ce qui allonge encore la lecture.

Un tel livre contribue-t-il à la diffusion de son propos ? Il doit certainement en exister qui sont plus courts et plus accessibles. A mon sens, il aurait été judicieux de fractionner le traité en plusieurs volumes sur des thématiques plus précises, quitte à les publier comme faisant partie d'un tout, mais laissant la possibilité au lecteur de le découvrir partie par partie.

Une dernière chose qui ne laisse pas de m'étonner c'est la prétention des tenants de la réhabilitation psychosociale à dénigrer tantôt indirectement tantôt directement les soins psychiatriques qui ont précédé son arrivée en France. Comme si les infirmiers psychiatriques d'il y a 30-40 ans ne travaillaient pas avec les capacités des patients et ne cherchaient pas à les insérer dans la société. Que diront les auteurs dans 30 ans quand ils jugeront nos doctrines d'aujourd'hui ?

Pour conclure sur une note positive, en s'éloignant de l'objectif d'une lecture complète, il sera enrichissant pour les professionnels de santé mentale de lire les chapitres les concernant.