Les trois coracles (oui, on va l’appeler comme ça pour la suite de cet article) est le troisième roman d’Alex Nikolavitch. Après nous avoir proposé un récit de SF lovecraftien avec Eschatôn, puis un petit retour au Pays imaginaire avec l’île de Peter, il décide de s’attaquer au mythe arthurien. Ce mythe qui fait partie de la culture populaire et qui a été adapté et repris jusqu’à plus soif en romans, BDs, films. Un nouveau roman était-il donc bien nécessaire?


Et bien après avoir dévoré les 270 pages en quelques heures de lecture, je peux vous dire que oui. Car l’auteur aborde le mythe via le père d’Arthur, Uther Pendraig, chef de clan breton qui veut protéger sa Bretagne des envahisseurs barbares alors que Rome n’est plus que l’ombre d’elle-même. Et c’est en se faisant alterner deux lignes temporelles que Nikolavitch nous racontera l’ascension et la fin d’Uther (Aucun spoiler ici, les hommes meurent souvent, c’est un fait).


La première ligne temporelle, celle qui voit les trois coracles cinglaient vers le Couchant, est celle d’un Uther Pendraig, chef de clan respecté cherchant une île mystérieuse qui pourrait lui offrir les clés de la victoire. La seconde est celle d’un jeune et fougueux Uther qui va mettre la main sur Calibourne (oui, oui la fameuse Excalibur) et commencer à bâtir sa légende. Et cette alternance est un coup de maître d’un point de vue dramaturgique car le lecteur sait déjà que les promesses de gloire du jeune Uther ne seront pas si faciles à réaliser. Le rythme du récit est parfaitement maitrisé, les chapitres se répondant.


Et c’est donc un récit assez désabusé qui nous est offert. Uther se demandant à quoi ces années de guerre et de massacres ont bien pu servir. Toutes ces morts, ces pertes ont-elles eu un sens? Rien ne dure, à l’image de cet empire romain qui domina le monde mais n’est plus que l’ombre de lui-même, laissant la Bretagne sous la menace des barbares saxons. D’ailleurs comment un empire pourrait être éternel alors que le dieux et créatures du folklore bretons sont poussés vers la sortie par ce Dieu unique venu d’Orient? Car l’autre réussite du roman, c’est de réussir à intriquer éléments de fantasy, de légendes et évènements historiques de manière organique. Ce réalisme magique confère de la chaire et du cœur aux personnages. Et l’on s’attache facilement à Uther qui est loin d’être un héros parfait et sans faille même s’il est plein de bonnes intentions.


Si vous aimez le cycle des Rois du Monde de Jean-Philippe Jaworski ou si vous voulez simplement lire un excellent livre de fantasy sans vous lancer dans des cycles interminables, n’hésitez pas et foncez acheter ce livre.

Gendar
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Lecture de 2019

Créée

le 6 mai 2019

Critique lue 175 fois

2 j'aime

Gendar

Écrit par

Critique lue 175 fois

2

Du même critique

Shangri-La
Gendar
8

Critique de Shangri-La par Gendar

Avant d'attaquer le contenu, je tiens déjà à saluer l'effort d'Ankama pour la forme. Moins de 20€ pour une BD couleur grand format de plus de 200 pages avec un dos tissé, c'est pas tous les jours que...

le 19 sept. 2016

41 j'aime

2

Orange Is the New Black
Gendar
5

Critique de Orange Is the New Black par Gendar

Arrivé à mi-parcours de cette première saison, le bilan est assez mitigé. La série tente d'apporter un peu de fraîcheur et d'humour dans le cadre de l'univers carcéral. Mais, je trouve que le format...

le 2 janv. 2014

23 j'aime

3

The Big Lebowski
Gendar
9

Critique de The Big Lebowski par Gendar

Dès les premières minutes et le vision du Dude en robe de chambre dans un supermarché, j'ai su que j'étais face à un grand film. Un trio d'acteur au meilleurs de leur forme, des personnages...

le 27 juil. 2010

17 j'aime

2