Trudi nait à Burgdorf au bord du Rhin à la fin de la première guerre mondiale de Gertrud Montag, femme evanescente au psychisme fragile et de Leo Montag, bibliothécaire parti au front, un homme au grand coeur et au regard enveloppant. Alors que sa mère sombre doucement dans la folie, Trudi vit entre la terreur de perdre Gertrud et la peur de ne pas grandir.
Gertrud meurt, Leo au regard bleu est inconsolable, Trudi ne grandit plus. Dans les années qui suivent, alors que le pays glisse lentement vers le cataclysme, Trudi fait son apprentissage de la vie: la cruauté des enfants, les trahisons des premiers amis, la bêtise blessante des gens ordinaires, et pour finir, un viol collectif...
Et pourtant, Trudi reste, mûrit, pardonne finalement, sauf à ses violeurs auxquels elle jette un sort en secret. Ce qui rend finalement Trudi indispensable à Burgdorf, c'est son don. En effet, Trudi voit clair au delà de l'apparence dans les vies étriquées de ses concitoyens, ainsi elle encourage les confidences, fait murir des histoires cachées et plus ou moins honteuses qu'elle développe et restitue à qui veut bien bien les entendre - et ils sont pléthores - dans l'intimité de la bibliothèque qu'elle tient aux côtés de son père.

Les chemises brunes font leur apparition, les plus zélés sont bien ceux qu'on attendait au tournant. Les privations et restrictions de plus en plus absurdes rendent la vie des Juifs rapidement insupportable. Beaucoup hésitent à partir, comme Mme Abramovitch, la voisine attentionnée des Montag. Lentement, on glisse dans l'horreur. Mais les camps sont loin, le front aussi, et la vie suit son cours malgré les arrestations et les disparitions.

Trudi, elle, fait de la résistance, creuse des tunnels et cache des fugitifs.

Puis, Trudi va connaître l'amour...

Il y a comme une légère frustration, un sentiment d'inachevé lorsqu'on termine ce roman de 730 pages. Alors, oui, c'est foisonnant, inventif, dense... Mais à mon avis, contrairement à ce que prétend la 4ieme de couverture, la narration est - justement - tout sauf "audacieuse". Le matériau brut est bien là, les personnages sont bien campés, la petite bourgade allemande des bords du Rhin se dresse là, comme un décor qui attend d'être démoli. Oui, on suit le fil de l'histoire, il y a les salauds, les infâmes, les infirmes, les généreux, les flagorneurs, les faibles, les lâches... mais on n'est jamais surpris. Il arrive finalement ce qu'on attendait qu'il arrive. Bien sûr, on connaît le cours de l'histoire, mais il s'agit d'autre chose. Ursula Heigl reste également très descriptive dans la gestion des émotions les plus fortes. Mais, par excès de maîtrise, elle dresse une barrière invisible entre l'émotion et le lecteur. On reste alors nous aussi en surface, l'émotion ne nous saisit pas, ne nous renverse pas comme elle devrait, comme elle pourrait. Voilà ce qui m'a manqué, l'impression diffuse de ne pas pouvoir vraiment entrer dans le roman, de rester dans une description finalement assez clinique, superficielle des évènements.
marceline
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le 19 déc. 2012

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marceline

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