Elle faisait du patchwork avec [les vies] des autres.

Un livre plutôt sympathique. L’histoire et l’univers sont intrigants et on se laisse plonger dans ce monde des limbes en suivant les différents personnages. Il y en aura beaucoup, mais tous apporteront quelque chose de particulier et d’unique à l’intrigue. L’autrice distille des indices au compte goûte, mais on arrive quand même à comprendre peu à peu l’univers et les enjeux qui nous sont présentés, notamment le véritable rôle des Oiseaux ou du Phares (très belles allégories), ou que

Ça sera d’ailleurs un des défauts, dans le sens où une fois qu’on a résolu ce passage, la trame d’Angelica deviendra très vite beaucoup moins intéressante sur la fin.

Le rythme est bien maîtrisé, l’intrigue prenant le temps de poser et de présenter ses personnages, de les construire, de leur donner une personnalité, avant de se lancer sans pour autant paraître précipitée ou bâclée. Chaque scène prend le temps qu’il lui faut, sans non plus s’étioler en longueur. C’est ce qui fait qu’on s’y accroche pendant la plupart du récit et qu’on se laisse transporter de péripétie en péripétie. On se laisse porter par cette double-quête, qui explore les motivations des personnages et leur fait aussi remonter le fil de leurs erreurs (pour certains). L’humour, l’aventure, l’action et le suspens sont dosés et équilibrés, les meilleurs ingrédient pour une intrigue maîtrisée.

J’ai beaucoup aimé les passages avec Angelica et son groupe, car on y retrouve pas mal de chose intéressantes sur les la personnalité des personnages et la vision donnée à travers les yeux enfantins d’Angelica, mais aussi celui désabusé, presque cynique ou de dénis, de Nicholas. Plus que dans le reste du récit, on retrouve ce côté un peu de terreur inexpliquée qui pourrait renvoyer au Fantastique, en opposition avec le reste du récit qui relève plus de la low fantasy.

De même que la dynamique entre Capucine et Albin m’a beaucoup plu, jusqu’au dernier quart,

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’accroche beaucoup moins au dernier tiers du roman (quand ça commence à prendre cette direction), car on perd à mon sens la force de cette dynamique entre les personnages pour aller vers autre chose de moins intéressant.

En revanche, le gros point fort de ce roman, c’est le style de son autrice, Anaïs Sorrentino. Dès les premières pages, les premières lignes, on est marqué par un style incisif, inventif, percutant. Que ce soit dans le choix des mots ou la façon dont elle parvient à jouer avec pour créer des phrases plus fortes les unes que les autres, on se laisse transporter par la fluidité du récit. Car même si on trouve des expressions, des mots ou mêmes des tournures parfois étranges, inhabituelles, rien n’est laissé au hasard ou inapproprié. Tout est juste et rafraîchissant. À cela, ajoutons le travail fait sur le style pour rendre chaque personnage unique, que ce soit dans sa façon de s’exprimer ou bien dans la narration. Il y a beaucoup d’inventivité dans ce travail et ce style et c’est clairement le gros point fort du livre.

Un Fil à travers les Nuages est donc un roman très sympathique, avec une histoire, un univers et des personnages plutôt intéressants. Son style unique en fait sa force première et malgré les quelques faiblesses narratives ici et là, on se laisse porter dans cette aventure. Un très bon moyen de passer un bon moment de lecture.